Analyser les liens entre connaissance et action n’est généralement pas le fort des entreprises, surtout des multinationales du secteur automobile, qui tendent à se focaliser sur la technique. L’auteur a fait implicitement le pari en entrant chez Renault (après des études de sociologie, des années de militantisme et un début de carrière dans le show-biz) que la sociologie n’est pas une science abstraite plaquée sur la réalité de la production, mais qu’elle peut aussi servir à modifier en profondeur cette réalité.

Au fil des chantiers auxquels il a participé entre 1984 et 2005, voire des chantiers qu’il a pilotés, l’auteur raconte au plus près du terrain les évolutions majeures du secteur industriel dans les années post-tayloriennes et la manière dont la recherche sociologique a pu contribuer à les infléchir en mobilisant les acteurs de Renault, y compris les syndicats, aux cours de recherches-actions sur les métiers et les parcours de carrière. Il témoigne ce faisant des enjeux, des changements du travail, de ses conditions, de son organisation, de son sens, de sa place dans le management et la gestion de l’entreprise.

Il dénonce la tendance strictement gestionnaire de la GRH, repliée sur la gestion de l’emploi au service des seuls objectifs quantitatifs et des intérêts financiers. Renault comme tant d’autres aurait au contraire aujourd’hui besoin de repartir du travail réel et des attentes des salariés pour repenser la performance individuelle et collective à partir d’indicateurs nouveaux prenant en compte la dimension sociale de l’entreprise. Du pain sur la planche pour la GRH !

Un Sociologue chez Renault

Jean-Claude Monnet, Armand Colin, 248 pages, 24,50 euros.