Une entreprise possédant un acheteur formé spécifiquement aux achats auprès du secteur de travail protégé et adapté (STPA) parvient à engager une moyenne de 91 euros par collaborateur et par an. Une entreprise sans personne dédiée ni formée ne parvient à acheter que 65 euros en moyenne au STPA par collaborateur et par an. Le bilan est donc clair : former ses acheteurs aux spécificités des prestations du STPA permet d’améliorer les achats de manière significative, de l’ordre de 25 %, et, ainsi, de rendre plus facile pour l’entreprise l’atteinte de sa propre obligation d’emploi de 6 % de travailleurs handicapés dans ses effectifs.

Tel est l’un des enseignements d’une enquête menée auprès de 55 entreprises et organismes publics, intitulée Baromètre des achats au secteur du travail protégé et adapté, et menée par le réseau Gesat en partenariat avec les publications La Lettre des achats et Entreprise & Carrières. Elle sera rendue publique le 6 juin, lors d’un colloque organisé par le réseau Gesat sur les “Dynamiques et perspectives économiques du secteur du travail protégé et adapté en France”.

Selon cette étude, 67 % des entreprises interrogées ont une ou plusieurs personnes dédiées à l’appui des acheteurs pour le développement des achats au STPA, et 8 % l’envisagent. Ces spécialistes sont d’abord rattachés aux achats (42 %), puis aux RH (17 %), le reste n’étant pas renseigné. Une bonne connaissance de ce secteur grâce à des personnes formées et dédiées est d’autant plus fondamentale que, précisément, cette méconnaissance du STPA est reconnue par les entreprises comme le principal frein à la collaboration avec lui, ex aequo avec le fait de juger ses prix trop élevés (18 % pour chacun), devant l’argument d’une mauvaise compréhension des besoins des entreprises par le STPA (13 %).

Autre argument en faveur d’acheteurs spécialisés : leurs achats auprès du STPA sont plus qualitatifs. L’entretien des espaces verts est un grand classique et le premier secteur d’achat des organisations n’ayant pas d’acheteur dédié. Alors que celui du conditionnemment-mise sous pli-mailing-routage est la cible préférée des organisations ayant un ou des acheteurs dédiés et formés ! Ce constat donne à réfléchir : plus les entreprises feront des achats qualitatifs au STPA, plus elles obligeront ce secteur et ses salariés à développer leurs propres plans et campagnes de formation pour monter en compétences et en employabilité, ce qui est justement l’un des souhaits de tous les acteurs de ce secteur, mais également des pouvoirs publics.

Ce cercle vertueux achats qualitatifs/développement des compétences/montée en gamme est d’autant plus nécessaire que 77 % des entreprises répondantes mettent en avant des besoins encore non couverts par le STPA, notamment en termes de prestations industrielles et de sous-traitance administrative.

« Des efforts restent donc à faire pour une meilleure concordance entre offre et demande, reconnaît Emmanuel Chansou, directeur du réseau Gesat. D’ailleurs, 90 % des Esat et EA se donnent comme axes de progrès prioritaires l’amélioration de leur communication, la formation de leurs équipes et le travail en réseau. »

→ Créé en 1982, le Gesat assure une interface entre 1 400 établissements et services d’aide par le travail, 600 entreprises adaptées et les entreprises du secteur classique, et représente 145 000 travailleurs handicapés.