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LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION

« Je suis atterré »

LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION | Interview | publié le : 21.05.2013 | VALÉRIE GRASSET-MOREL

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« Je suis atterré »

Crédit photo VALÉRIE GRASSET-MOREL

E & C : Comment appréhendez-vous la conférence sociale des 20 et 21 juin ?

S. L. : Je suis atterré par l’orientation qui semble lui être donnée. Une fois de plus, on nous ressert les 32 milliards d’euros de la formation professionnelle et de l’apprentissage et les mêmes réflexions qu’en 2007 sur « un secteur décrié ». On a l’impression qu’il ne s’est rien passé depuis, notamment la création du FPSPP, dont plus de 80 % des ressources servent à former les demandeurs d’emploi et les salariés fragilisés. Le gouvernement, comme ses prédécesseurs, se tourne dans l’urgence là où il lui semble que les fonds sont disponibles et présente la formation comme le remède miracle au chômage. Nous ne ferons pas un énième diagnostic partagé.

Si le gouvernement veut prendre 1,5 milliard d’euros dans les fonds de la formation, qu’il le dise, mais qu’il nous épargne son discours lénifiant.

E & C : Où en sont les réflexions sur le compte personnel de formation ?

S. L. : On est encore loin du but: quelles formations (pour FO, elles doivent être qualifiantes), quels publics (va-t-on gérer des files d’attente parmi les 28 millions de bénéficiaires potentiels ?), quelle universalité, comment l’activer, à qui confier sa traçabilité (à la Caisse des dépôts et consignations, par exemple ?), quels financements et coordination entre les acteurs, y compris les individus eux-mêmes ? Si le DIF semble condamné, comment le compte va-t-il s’articuler avec le CIF ? On crée un nouveau dispositif et on décrète qu’il entrera en vigueur au 1er janvier 2014 ! Une expérimentation aurait été préférable pour éviter un sérieux effet boomerang dans quelques années.

E & C : Est-ce l’occasion de rediscuter de la nature légale fiscale de la contribution ?

S. L. : Les partenaires sociaux ont manqué une occasion en 1970, je ne vois pas l’intérêt de reprendre ce débat. Mais il faudra revoir la notion d’action imputable. La négociation sur le compte va permettre de reconfigurer les circuits de financement qui ne sont pas extensibles. Le Medef proposera avec constance la fin de l’obligation légale. Nous y sommes opposés : le lien de subordination qui lie le salarié à l’employeur oblige ce dernier à lui donner les moyens d’évoluer dans son emploi. Mais une fraction du 0,9 % pourrait être fléchée vers le compte.

Auteur

  • VALÉRIE GRASSET-MOREL