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Enquête

DES RISQUES FAIBLES MAIS PAS NULS

Enquête | publié le : 21.05.2013 | E. F.

Les DRH ne sont guère inquiets des risques de conflits sociaux. Toutefois, après des années de réorganisations et de modération salariale, attention à ne pas franchir le seuil d’acceptabilité, préviennent des observateurs.

Dans sa note de conjoncture sociale du mois d’octobre, l’association consacrée à la GRH Entreprise & Personnel qualifiait l’atmosphère qui règne dans les entreprises de « calme inquiet » (lire Entreprise & Carrières n° 1115). Il y a assez peu de risques que cette inquiétude se transforme en conflits sociaux. Les DRH interrogés dans le cadre de notre baromètre Défis RH ne placent en effet les conflits sociaux qu’en septième position des situations qu’ils ont eu à gérer au cours des derniers mois. Seuls 8 % ont eu à en affronter un, bien moins qu’une réorganisation (60 %), qu’un gel des embauches (36 %), que le recours à l’intérim (31 %), que le gel des salaires (26 %), et un peu moins qu’un PSE (10 %). « La conflictualité est faible », constate Jean-Christophe Sciberras, président de l’ANDRH.

Les DRH ne sont guère plus inquiets pour les mois à venir, même si un conflit social, anticipé par 14 % d’entre eux, remonte à la sixième position de leurs préoccupations. Mais les DRH font toujours preuve de pessimisme sur ce sujet délicat. Ce qui explique que, de baromètre en baromètre, leurs prévisions, relativement alarmistes (18 % craignaient un conflit social en 2012), ne se réalisent pas totalement (8 % ont fait face à un conflit social en 2012).

Les salariés font le dos rond

« Il est normal que les DRH soient vigilants sur les conflits sociaux, commente Jean-Pierre Basilien, coauteur de la note de conjoncture d’Entreprise & Personnel. En outre, l’écart entre les prévisions et la réalité traduit le travail des DRH pour réduire le risque ». Les risques de conflits sociaux paraissent donc minimes. Il est vrai que le taux de chômage au plus haut incite plutôt les salariés à faire le dos rond.

Toutefois, les risques ne sont pas nuls. Jean-Pierre Basilien relève en effet que « les conflictualités à venir porteront sur les réorganisations ». Selon lui, « les salariés ont déjà fait beaucoup d’efforts depuis 2008 et 2009. Les réorganisations qui vont maintenant intervenir aborderont des questions difficiles, ayant des incidences sur le quotidien des salariés ; ces réorganisations toucheront les limites de l’acceptabilité ». Or un DRH sur six anticipe d’avoir à en gérer une. « Une réorganisation, qu’un DRH ne confond pas avec une restructuration, fait partie de la vie normale d’une entreprise », pondère immédiatement Jean-Christophe Sciberras. Existe-t-il un risque de conflit sur les salaires ? Jean-Pierre Basilien et Gilles Verrier, directeur général du cabinet de conseils Identité RH et professeur à Sciences Po, ne l’excluent pas, si le contexte s’améliore. « Les salariés vont vouloir passer à la caisse », résume Gilles Verrier.

La capacité de réaction des syndicats sous-estimée

Certains n’attendent pas un retour à meilleure fortune. Comme le remarquait l’hebdomadaire Gestion sociale du 24 avril, des conflits liés au pouvoir d’achat ont éclaté dans plusieurs grandes entreprises (Eiffage, Ricoh, Castorama, ICTS, Conforama, Super U, Casino) et dans des PME, pas toujours en bonne situation financière. Et de prévenir : « Les DRH ont sous-estimé la capacité de réaction des syndicats à l’issue des négociations annuelles obligatoires. »

Auteur

  • E. F.