Trois décennies de libéralisme et de financiarisation de l’économie sont venues révéler à la fois la violence de l’économie capitaliste et sa fragilité. Violence d’une répartition inégalitaire de la valeur ajoutée entre le capital et le travail, et précarisation de franges toujours plus larges de travailleurs ; fragilité d’un système qui, à son apogée, conduit pourtant de manière de plus en plus chaotique l’économie mondiale de crise en crise.

L’idée d’une nouvelle économie qui mettrait la richesse à la portée de tous a fait long feu. Mais qu’est-ce que la richesse ? Telle est la question à laquelle s’est attelé Jean-Marie Harribey, professeur de sciences économiques et sociales, président des Économistes atterrés. Certainement pas la valeur fictive déconnectée de l’économie réelle créée par les bulles financières. Pour l’auteur, la théorie de la valeur qui n’avait cessé de cheminer d’Aristote à Marx s’est brutalement interrompue au XX^e siècle avec l’émergence de la sphère de la circulation monétaire. On a cherché dès cette époque à déconnecter la création de valeur du travail productif des hommes. Le processus de marchandisation mondialisé tend donc à apparaître de plus en plus séparé des rapports sociaux dans lesquels il s’inscrit, comme si les hommes mais aussi la planète terre n’étaient qu’une pure scorie du processus.

Pour sortir de la crise sociale et écologique dans laquelle nous sommes pris aujourd’hui, l’auteur propose une critique radicale de l’économie capitaliste pour donner à nouveau leur place à la valeur travail et aux ressources naturelles non réductibles à leur valeur marchande.

La Richesse, la valeur et l’inestimable

Jean-Marie Harribey, éditions Les liens qui libèrent, 540 pages, 28 euros.