Malgré l’expérience que nous avons, beaucoup d’idées fausses circulent encore sur la vie d’équipe. Essayons d’y voir plus clair.
On croit par exemple que le consensus collectif et le fonctionnement bien huilé sont les signes d’une équipe qui travaille bien. Pas forcément. Cela peut cacher de la complaisance ou la peur de troubler l’harmonie ambiante. Bien s’entendre est un atout, ne pas oser apporter de dissonance devient un piège. Dans une équipe efficace, on ose exprimer son désaccord de façon constructive : avec respect, sans mettre en cause les personnes, mais en parlant des situations, de l’analyse des faits et en essayant d’améliorer les choses.
Quand il y a des mouvements dans une équipe, j’entends souvent : « Un de perdu, dix de retrouvés. » C’est vrai que personne n’est irremplaçable, mais croire que les entrées-sorties ne perturbent pas la dynamique d’une équipe est erroné. Evidemment, tout est dans la juste mesure : pas assez de renouvellement peu créer de la routine, trop de mouvement engendre l’inefficacité. La stabilité aide à mieux se connaître, s’ajuster, s’améliorer. Les turbulences répétées peuvent rendre une équipe imperméable au changement, à l’image des gouttes d’eau qui glissent sur les plumes du canard. L’idéal est de donner aux collaborateurs un sentiment de stabilité tout en menant le changement, et cela repose sur la qualité du leadership.
Autre croyance bien ancrée : « dans une équipe, c’est la compétence qui compte ». Bien sûr, mais pas seulement. La capacité de collaboration est la seconde jambe qui fait qu’un coureur avance rapidement. Des centaines d’équipes reposent sur des experts très compétents, et néanmoins, le résultat n’est pas formidable. Ce qui manque ? L’ouverture personnelle, l’adaptation à autrui, le respect des engagements collectifs, la communication à l’intérieur de l’équipe, l’humilité, la générosité, le sens des autres… Une équipe de “stars” ne va pas très loin sans un fort esprit de collaboration.
La collection d’idées fausses n’est pas finie : « Tout le monde n’a pas besoin d’avoir accès à tout, les collaborateurs sont plus efficaces s’ils se concentrent sur l’information qui les concerne ». Or justement, la définition de ce qui concerne chacun est beaucoup plus large qu’il y a dix ans, car la plupart des sujets sont complexes et interconnectés. On a besoin de capter l’ensemble du contexte, comprendre la stratégie, savoir où sont les priorités des uns et des autres pour bien faire son travail. La “juste information” aujourd’hui est finalement de l’information à 360°.
Enfin, dernier schéma mental à revoir : « l’équipe efficace travaille à distance ». Finie la vieille époque des équipes situées dans le même lieu et travaillant sur les mêmes plages horaires, vive le monde virtuel ! Fort bien, mais quand il est mal maîtrisé, le fonctionnement en équipes virtuelles donne des aberrations incroyables : conférences téléphoniques à quinze personnes, réunions virtuelles qui durent trois heures et où la moitié des participants répondent à leurs e-mails, journées de travail qui commencent aux aurores et se terminent tard dans la soirée pour s’adapter aux zones horaires des différents pays, etc. Le monde de demain sera formidable, on peut le pressentir, mais cela nécessite un petit apprentissage !
