L’entretien vidéo se développe dans les groupes internationaux lors de la sélection des candidats. Histoire de réduire les délais et les frais de déplacement.
Souriez, vous êtes filmé. De plus en plus d’entreprises internationales utilisent l’entretien vidéo dans le cadre de leurs recrutements. La direction du groupe américain GreenJobInterview, créé en 2007 à Costa Mesa en Californie, se frotte les mains : 80 % des sociétés de 10 000 salariés ont eu recours à la vidéo pour sélectionner les nouveaux venus. Et de détailler la liste croissante des clients : les hypermarchés Walmart, Pepsico, l’université Ucla, le groupe hospitalier Mayo Clinic…
Interview Stream, autre start-up américaine en pointe sur le sujet, est présente sur plus de 500 campus universitaires, parmi lesquels les poids lourds de Harvard, University of Pittsburgh, Brown University, George-Washington. En vidéo, ces universités aident les étudiants à réaliser de meilleurs entretiens avec les entreprises.
Jérome Ternynck, le patron de SmartRecruiters, une start-up de la Silicon Valley proposant à ses clients une plate-forme unique de recrutement, a vu trois types d’usages vidéo se développer : l’offre d’emploi filmée par les recruteurs, la vidéo-entretien live entre candidat et chasseur de têtes et la vidéo asynchrone de 4 à 5 minutes durant laquelle le candidat répond aux questions qu’on lui a envoyées auparavant. Ces différents usages sont en plein essor. « En deux ans, je suis passé de 0 à 35 000 clients », déclare Jérome Ternynck.
« Les candidats sont très à l’aise, explique Edward Hendrick, patron de la plate-forme de recrutement vidéo Sonru.com, installée en Irlande. Ils ont l’habitude d’utiliser Skype et YouTube. » Ils ne sont pas surpris qu’on leur demande de se mettre en scène chez eux, en utilisant Internet et une webcam. « Nous envoyons un courrier électronique personnalisé avec un lien URL pour réaliser l’entretien », détaille Guillaume Ibled, patron de la société française ImageInPeople, un expert en recrutement qui offre ce service depuis fin 2011. L’usage de l’Internet à haut débit s’est démocratisé. Et la qualité de la vidéo s’améliore chaque année. « Vous n’êtes plus coupé trois fois, vous n’êtes plus pixellisé » note Jérome Ternynck.
Les professionnels peuvent regarder l’entretien en même temps qu’un CV en ligne et enregistrer des morceaux de l’interview pour mieux mesurer la motivation ou le niveau d’anglais, par exemple. Les groupes élargissent ainsi leur horizon bien au-delà de leurs frontières. Edward Hendrick propose ses formules de recrutement en 15 langues. Par exemple, son client du laboratoire CERN peut tester en ligne physiciens, administrateurs, pompiers… de 22 pays. Et ce, à moindre coût. Interview Stream affiche des abonnements allant de quelques milliers à plus de 10 0000 dollars. Sonru.com se contente de quelques centaines de dollars pour 50 interviews.
Le recruteur n’a plus besoin de se déplacer ou de déplacer les candidats. Il gagne du temps et économise avion et hôtel. Les clients d’ImageInPeople (Club Med, Altran, Carrefour, Promod, Otis…) peuvent se targuer, selon son dirigeant, d’avoir économisé ensemble un million d’euros en frais de déplacements et 500 tonnes de CO2 en 2012.
Les visio-entretiens sont utiles pour sélectionner des profils haut de gamme, mais aussi pour pourvoir des postes simples. « Les grandes entreprises automatisent leur processus, dit Jérome Ternynck. On envoie des e-mails à un grand nombre de candidats en posant les mêmes questions à tous. Cela permet de comparer et de filtrer rapidement. » Tout en gardant pour les happy few de la short list un vrai face-à-face.
Les services RH des grandes entreprises apprécient. Les PME devraient suivre le mouvement. Car, note Edward Hendrick, « avec ces outils bon marché, elles retrouvent tous les avantages dont bénéficient les grands. »
