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EspagneIBERIA, EN CONFLIT AU LONG COURS

Pratiques | International | publié le : 30.04.2013 | VALÉRIE DEMON

Depuis un an, la compagnie aérienne espagnole est en conflit social larvé, ou ouvert. Un médiateur s’efforce de renégocier un plan social et des accords de compétitivité, alors que les exigences de la compagnie, rachetée par le groupe IAG, avaient mis le feu aux poudres.

Décidément, le feuilleton Iberia s’éternise. La compagnie aérienne espagnole, déficitaire et sommée de se restructurer, se trouve immergée dans un conflit social depuis un an. Et il est loin d’être clos. Sa dernière victime : le directeur général de la compagnie Rafael Sanchez-Lozano, qui a jeté l’éponge fin mars, en pleine tourmente, est remplacé par le patron d’Iberia Express, Luis Gallego.

Or, c’est précisément la création de cette filiale low-cost, l’année dernière, qui a soulevé la colère du principal syndicat des pilotes, le Sepla. Après des menaces de grève, l’intervention d’un médiateur avait calmé le jeu. Mais, quelques mois après, la compagnie mettait sur la table un plan de licenciements de 3807 personnes et préconisait des baisses de salaires pour toutes les catégories de personnel.

Négociations encouragéees

Levée immédiate de boucliers et, cette fois-ci, de la part de tous les syndicats. Une première salve de grèves est évitée de justesse avant Noël dernier. Mais le blocage total des négociations ne permet pas de stopper deux semaines de grève en février et mars. La tension est telle qu’une médiation est à nouveau requise. Un accord est finalement trouvé à la mi-mars, ratifié, depuis, par 93 % du personnel de la compagnie. Les pilotes, en revanche, ont décidé de ne pas accepter l’accord. Le médiateur propose finalement d’abaisser le nombre de licenciements à 3 141. « Mais tous devront être des préretraites ou des départs volontaires », précise Manuel Atienza, porte-parole du secteur aéronautique du syndicat UGT. Mais les pilotes ne toucheront que 60 % de leur salaire, contre 80 % pour les autres catégories de personnels. « Ils possèdent des salaires beaucoup plus élevés que leurs collègues, l’effort de compensation que nous réalisons est plus important, justifie la compagnie. S’ils ne veulent pas de ce plan, nous leur appliquerons la réforme du marché du travail et ils seront clairement désavantagés. Mais le ministère du Développement, qui suit le dossier de près, encourage à poursuivre les négociations. »

Le médiateur propose aussi une baisse des salaires : -7 % pour le personnel au sol (contre -15 % que proposait auparavant la compagnie) et -4 % pour les PNC et les pilotes (contre -25 % à -35 % auparavant). « Juste après l’entrée en vigueur de la réforme du marché du travail, qui permet de diminuer le coût des licenciements, Iberia et British Airways ont mis la pression sur les syndicats, insiste Manuel Atienza. Nous sommes prêts à contribuer à la restructuration de la compagnie, mais pas dans les termes qu’ils nous imposaient. »

Car s’il est bien un point sur lequel tous s’accordent, c’est la nécessité de rentabiliser les vols de courte et moyenne distances, où la concurrence des compagnies low-cost est féroce. Reste maintenant à négocier des accords de compétitivité pour chaque catégorie. Aucun détail n’est encore fourni, mais les discussions portent sur les bases posées par le médiateur, et résumées succinctement par Manuel Atienza : « Travailler plus, mais gagner moins. » Pour les pilotes, l’objectif sera d’augmenter le nombre d’heures de vol et de réduire les temps d’escale. Même chose pour le personnel de cabine. Quant aux employés au sol, la régulation sur les jours fériés, vacances et absentéisme sera négociée. La pression reste élevée. Car l’accord de médiation prévoyait une baisse de 4 % supplémentaire sur les salaires si aucun accord n’était trouvé en avril.

Les syndicats attendent la contrepartie : Iberia doit investir dans sa flotte pour la renouveler. « Jusqu’à maintenant IAG (International Airline Group, dans lequel Iberia et British Airways ont fusionné en 2010, ndlr) proposait seulement un plan d’économies », estime Manuel Atienza. Sepla se fait plus dur encore : « Ils veulent absorber Iberia, en faire une petite compagnie ». Six nouveaux avions A330 sont promis pour le moment. « Mais la flotte sera renouvelée au fur et à mesure qu’Iberia améliorera ses coûts », indique la compagnie. Le bras de fer continue donc.

Auteur

  • VALÉRIE DEMON