Dans une note publiée par le Conseil d’analyse économique (CAE) présentée le 24 avril, trois de ses membres analysent la “dynamique des salaires par temps de crise”*. Et constatent que, depuis 2008, « un écart se creuse en France entre la productivité du travail, qui tend à stagner, et les salaires qui continuent de progresser », laissant craindre « une dégradation supplémentaire de l’emploi ».
Depuis quatre ans, en effet, le salaire réel net moyen augmente à un rythme annuel de 0,8 % dans le secteur privé, l’Hexagone se distinguant en cela des Pays-Bas, de l’Italie, de l’Espagne ou du Royaume-Uni (en Allemagne, les salaires se redressent après avoir stagné pendant la crise). Une dynamique que les auteurs expliquent en partie par une réticence générale des employeurs, en France comme à l’étranger, à infléchir leurs pratiques salariales. « Pour préserver la motivation des travailleurs et le climat social […], les entreprises préfèrent réduire l’emploi que les salaires », précise la note.
Mais celle-ci met également en cause la rigidité des accords de branche, qui, « dans un contexte d’inflation très faible et de forte hausse du chômage […], demeurent un frein à un ajustement des salaires réels à la baisse ». Pour pallier le problème, les auteurs proposent différentes pistes, parmi lesquelles le décloisonnement des négociations relatives aux rémunérations, à l’emploi et aux conditions de travail, avec un recours plus large aux clauses dérogatoires.
* Les notes du CAE, n° 5, avril 2013, Philippe Askenazy, Antoine Bozio et Cecilia García-Peñalosa.