Nous assistons actuellement à un double phénomène démographique inédit : un quart de la population européenne aura bientôt plus de 60 ans et la longévité s’accroît comme jamais auparavant dans l’histoire. Ce vieillissement de la population tend à être abordé uniquement sous l’angle négatif des problèmes qu’il pose au plan économique. C’est oublier que les retraités restent souvent des actifs sociaux dans la mesure où ils assument une fonction irremplaçable dans le tissu associatif, voire dans la mesure où nombre de retraités en bonne forme physique assument un rôle important auprès de leurs petits enfants.

Par ailleurs, ils sont des consommateurs qui disposent de davantage de temps que ceux qui travaillent et d’un pouvoir d’achat au moins égal globalement à celui des plus jeunes. Faciliter et maintenir la vie sociale des seniors nécessite de s’intéresser à des sujets multiples, potentiellement générateur d’investissements lourds et de développement : la mobilité, les aménagements urbains, l’offre de loisir, les services de proximité, la santé, l’habitat… Un potentiel qui pourrait devenir demain, comme c’est déjà le cas au Japon aujourd’hui, un moteur de croissance non négligeable. Cela exige cependant de revoir la manière dont nous considérons les anciens : dans l’entreprise comme dans la société, le jeunisme constitue un piège narcissique qu’il faut apprendre à déjouer. Avec le lien intergénérationnel se joue un temps fort de la solidarité sociale, c’est-à-dire de notre avenir.

La croissance grise. Des seniors dans la ville

Renaud George, Éditions de l’Aube, 208 pages, 18,80 euros.