Contrairement à l’étymologie du mot crise, qui renvoie à l’idée d’un phénomène pathologique survenant sous forme d’accès brutal, la crise aujourd’hui est une réalité continue. Sous la direction de deux économistes de renom, Philippe Askenazy et Daniel Cohen, une équipe de chercheurs en économie explique que cette crise est devenue tellement envahissante qu’on peut sans exagération la décliner au pluriel. Elle affecte à la fois la finance et l’économie, bien sûr, mais aussi la légitimité des élites, le social, la culture et le climat. Cette dernière dimension étant comme le présage que nous sommes irrémédiablement entrés dans une crise dont on peut douter de l’issue. Car ce n’est pas tel ou tel aspect du monde qui dysfonctionne, mais la planète elle-même et la totalité de ses habitants qui sont désormais potentiellement en danger. Ces différents aspects, pour disparates qu’ils soient, semblent cerner notre quotidien. On peut d’autant moins s’étonner de sa morosité que ces grands thèmes se déclinent chacun en facettes critiques multiples : crise du politique, crise de la gouvernance d’entreprise, crise de l’édition musicale et du livre, crise de la dépendance, etc.

Loin de se limiter pourtant à des constats accablants, les 25 contributeurs de l’ouvrage proposent des pistes pour sortir de l’impasse de telle sorte que ce n’est pas au fatalisme qu’ils nous convient mais bien à l’intelligence des choses, qui n’est jamais très éloignée d’un début de solution…

5 crises. 11 nouvelles questions d’économie contemporaine

Collectif, sous la direction de Philippe Askenazy et Daniel Cohen, Albin Michel, 768 pages, 24 euros.