Sur le site Areva de Lyon, les chiffres de répartition des temps partiels entre hommes et femmes s’inversent. En France, le temps partiel est une affaire de femmes (à 96 %), chez Areva également (80 %), sauf sur le site de Lyon. La formule du regroupement du temps partiel pendant les vacances scolaires y est en majorité choisie par les hommes.

À 80 %. « Avec cette formule, le salarié n’a pas le sentiment d’être à temps partiel, mais simplement en vacances, et cela fonctionne. Car, dans les mentalités stéréotypées, le mercredi est traditionnellement le jour des mères de famille, explique Philippe Thurat, directeur de la diversité et de l’égalité des chances à Areva. Le conjoint ne s’imagine pas à temps partiel pour passer cette journée avec ses enfants. »

Sur les 1 100 collaborateurs du site lyonnais d’Areva, une vingtaine a opté pour ce 90 % d’un temps complet annualisé, avec 25 jours à poser n’importe quand pendant les vacances scolaires. Le salaire est lissé à 90 % toute l’année.

L’établissement de Lyon a fait office de site pilote : un accord sur le temps de travail, signé le 22 décembre 2008, prévoyait la mise en place de ce dispositif de temps partiel annualisé à titre expérimental. Suite aux retours positifs, le dispositif a été officiellement mis en place le 22 décembre 2009 à Lyon via un accord collectif sur le temps de travail.

Dans cette population aux trois quarts cadre et à 70 % masculine, le but était de développer des actions « pour décharger les femmes de leur double journée, leur permettre de casser le plafond de verre ou éviter qu’elles ne restent coincées au niveau d’un plancher collant », indique Philippe Thurat.

« Dans les grandes sociétés comme Areva, nous pouvons nous permettre de proposer des formules avantageuses pour les salariés, qui leur rendent service et qui répondent à des problématiques dans l’air du temps, comme une meilleure conciliation entre les vies personnelle et professionnelle ou l’égalité hommes-femmes », estime Philippe Hespel, délégué syndical central CFDT à Areva Lyon, syndicat majoritaire dans le groupe.

Le résultat a été au-delà des espérances. « Ce qui nous a surpris, c’est qu’en plus des hommes qui choisissent cette formule pour passer les vacances avec leurs enfants, d’autres le font pour s’occuper de leurs petits-enfants », indique Philippe Thurat. Les principaux utilisateurs étant cependant de jeunes pères.

Compte tenu de ce succès, Areva a décidé d’étendre cette initiative à l’ensemble de ses effectifs en France. Résultat, un accord de groupe relatif à l’égalité professionnelle entre hommes et femmes, signé le 12 décembre 2012, prévoit que la trentaine de filiales reprennent ce principe de temps partiel annualisé sur les vacances scolaires.

À elles de l’adapter à leur convenance. « Si elles souhaitent proposer un temps partiel à 80 % annualisés plutôt qu’à 90 %, elles en ont la possibilité », précise Philippe Thurat. Les filiales ont jusqu’à la fin du premier semestre 2013 pour se mettre à la page.