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LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION

Deux réformes en une

LE RENDEZ-VOUS DE LA FORMATION | Enjeux | publié le : 09.04.2013 | LAURENT GÉRARD

« Hé oui, en temps de crise, c’est toujours la formation qui trinque en premier ! La preuve : Thierry Repentin part aux Affaires européennes et n’est pas remplacé », a-t-on pu entendre de la part d’esprits caustiques au lendemain du remaniement gouvernemental. Ces derniers transposaient ainsi à la vie politique française la réalité souvent vécue en entreprise de réduction des budgets formation en temps de crise. Michel Sapin, le ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, reprend donc le dossier avec l’équipe qui entourait Thierry Repentin, et a d’ores et déjà annoncé que les deux réformes a priori attendues sur l’apprentissage et la formation professionnelle (lire Entreprise & Carrières n° 1135, p. 12) ne feront désormais plus l’objet que d’un seul texte.

Calendrier parlementaire

« La réforme de la formation professionnelle sera négociée entre les partenaires sociaux au second semestre 2013 », a précisé le ministre à nos confrères du Centre Inffo la semaine dernière. Elle portera sur les dispositifs, leurs finalités et leur financement, et le ministre veillera soigneusement à la cohérence entre ces différents chantiers répartis dans l’année. Quant au projet de loi relatif à l’apprentissage qui devait être déposé fin juin-début juillet, comme l’a affirmé Thierry Repentin devant le CNFPTLV, Michel Sapin craint que « le calendrier parlementaire, qui est très chargé, ne le permette pas.

De plus, en raison des nombreuses proximités entre les politiques de formation professionnelle et d’alternance, il me semble plus cohérent qu’un même texte porte l’ensemble des réformes ». Selon le ministre, l’articulation entre l’ANI du 11 janvier 2013 sur la sécurisation de l’emploi et la réforme de la formation professionnelle est logique : l’accord pose le principe du socle du compte personnel de formation. À présent, celui-ci doit être mis en place. Problème : « Il n’y a pas adéquation entre la masse financière et les besoins, qui sont énormes, affirme le ministre. Il faut revoir la tuyauterie, les circuits de financement. Il ne s’agit pas d’augmenter les moyens, mais d’augmenter l’efficacité du système pour que la formation aille à ceux qui en ont le plus besoin. »

Ce point de vue n’est pas du tout partagé par la CGT, qui voit dans le non-remplacement de Thierry Repentin « un mauvais signal, significatif d’une tendance visant à réduire la formation professionnelle à sa seule dimension curative ». « La formation professionnelle n’est pas la solution miracle aux problèmes du chômage dans notre pays, a déclaré la confédération le 25 mars. Diminuer les financements destinés à la formation des salariés pour les orienter, plus qu’aujourd’hui encore, vers les demandeurs d’emploi est un choix lourd de conséquences. C’est prendre le risque d’affaiblir le patrimoine de qualifications de nos entreprises et de nos territoires et obérer les possibilités de leur développement. C’est ne pas voir la nécessité d’un effort de formation sans précédent. »

Manque de moyens

L’État veut légitimement former les chômeurs ; les entreprises souhaitent légitimement former leurs salariés, notamment les plus performants pour qu’ils le restent ; les régions demandent légitimement à entretenir le tissu économique local ; les syndicats espèrent légitimement porter l’idée de formation-développement au-delà de la seule adaptation… Ces légitimités se percutent, et la réforme des tuyaux cache un manque de moyens. Pour preuve, les demandes des Opca sur les appels à projets 2013 sur les fonds professionnalisation du FPSPP s’élèvent à 322 millions d’euros, pour une enveloppe de 245 ; le FPSPP constate un déficit de couverture de 145 millions d’euros pour les engagements déjà pris ; et les organisations d’employeurs (comme le gouvernement) sont réticentes à toute augmentation des moyens. Elles visent plutôt une défiscalisation de l’obligation légale sur le 0,9 % plan de formation.

Auteur

  • LAURENT GÉRARD