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Enquête

« L’effet sur l’insertion dépend de la qualité du stage »

Enquête | publié le : 02.04.2013 | ÉLODIE SARFATI

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« L’effet sur l’insertion dépend de la qualité du stage »

Crédit photo ÉLODIE SARFATI

E & C : Quelle place occupent les stages dans les cursus de formation ?

O. J. : Depuis dix ans, de plus en plus de formations intègrent des périodes de stages obligatoires, notamment à l’université. Cette généralisation s’opère à tous les niveaux, du CAP-bac pro jusqu’au master 2. Plus de la moitié des jeunes sortis de formation en 2007, interrogés par le Céreq en 2010, indiquent avoir fait au moins un stage d’un mois ou plus durant leur scolarité. En moyenne, ces jeunes ont réalisé trois stages, d’une durée moyenne de neuf semaines.

E & C : Quel est l’effet des stages sur l’insertion professionnelle des jeunes ?

O. J. : Les études montrent que le stage est vraiment bénéfique pour les premiers pas dans la vie active. Trois ans après la fin de leurs études, le taux d’emploi des jeunes de la génération 2007 en ayant effectué est de 78 %, comme pour les jeunes apprentis. Dans 20 % des cas, ils occupent un emploi dans l’entreprise qui les a accueillis en stage. Les “non-stagiaires”, en revanche, pâtissent de ce manque de contact avec le monde du travail puisque seuls 63 % sont en emploi.

J.-F. G. : On observe en outre le même phénomène pour les salaires, qui sont meilleurs pour les jeunes qui ont suivi un stage pendant leurs études. Il est intéressant aussi de noter que les stages facultatifs permettent une insertion encore meilleure, même si cette donnée est difficile à interpréter : est-ce que l’employeur y voit un signal de la motivation du jeune ? Est-ce que le jeune qui sait se débrouiller pour trouver un stage facultatif saura mieux chercher un emploi ? Ceci dit, ces chiffres ne doivent pas occulter le fait que la qualité de l’insertion dépend de la qualité du stage, qui est un paramètre essentiel. Or, tous les stages ne se valent pas.

E & C : C’est-à-dire ? Qu’est-ce qui les différencie ?

O. J. : Plusieurs éléments jouent sur la qualité d’un stage : sa durée, qui doit être relativement longue ; la possibilité d’appliquer ses connaissances théoriques ; l’encadrement par un tuteur, sans lequel un stage ne peut pas être formatif ; le niveau d’indemnisation. Globalement, ces paramètres ont tendance à s’améliorer. Ainsi, 87 % des jeunes de la génération 2010 indiquent qu’ils ont pu appliquer leurs connaissances, alors qu’ils étaient 72 % de la génération 2007 ; 70 % qu’ils ont bénéficié d’un encadrement régulier par leur tuteur.

E & C : Les pouvoirs publics veulent mieux encadrer les stages pour éviter les abus. Peut-on mesurer ce phénomène ?

J.-F. G. : On ne sait pas les repérer statistiquement, mais il est indéniable qu’il existe des stages où les jeunes sont exploités. Cependant, il ne faudrait pas se focaliser seulement sur l’aspect légal et oublier la question de la qualité des stages et de l’équité entre les jeunes. Pour une même formation, un enfant de cadre aura plus de probabilité de trouver un bon stage, via son réseau familial, qu’un enfant d’ouvrier. Le stage ne rééquilibre pas les inégalités sociales. Ce qui est primordial, c’est donc d’enrichir l’apport formatif du stage en travaillant sur la définition des missions, le renforcement des liens entre les enseignants et le maître de stage de l’entreprise, et la façon de garantir un encadrement pour tous les stagiaires. La question de l’évaluation des stages par les équipes pédagogiques mériterait aussi d’être approfondie. Le pire des stages, c’est celui où l’on n’apprend rien. Or, cela ne relève pas de la loi, mais des bonnes pratiques.

Auteur

  • ÉLODIE SARFATI