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Enquête

DES STAGIAIRES SUIVIS DE PRÈS

Enquête | publié le : 02.04.2013 | L. C.

Confronté à une pénurie de jeunes ingénieurs travaux, le constructeur de routes mise sur les stages pour trouver ses futures recrues. Outre sa politique de relations écoles, il s’appuie sur un système d’évaluation des stagiaires bien orchestré.

Chez Colas, la politique de stages s’assimile à un mode de préembauche très actif. Guère surprenant, étant donné les besoins de main-d’œuvre de l’entreprise, qui a recruté 270 cadres débutants en 2012 dont 135 jeunes diplômés d’écoles d’ingénieurs, mais aussi la pénurie de jeunes spécialistes en génie civil et en bâtiment, tous très courtisés par d’autres groupes du BTP. « Nous devons tester le sens des responsabilités et les capacités d’intégration de ces jeunes lors de stages. Sinon, nous ne trouverions pas assez d’ingénieurs et de cadres pour nos chantiers », explique Cédric Mendes, responsable du service recrutement.

Missions formatrices

Face à ces enjeux, le groupe de travaux publics ne lésine pas sur les moyens. Pour trouver ces précieux stagiaires (en moyenne 2 000 chaque année, dont 660 en cours de cycle d’ingénieur, de la première à la dernière année d’études), Colas a développé une vaste politique de relations écoles avec une cinquantaine d’écoles d’ingénieurs. De quoi garantir des stages de qualité, et non pas pallier aux besoins de main-d’œuvre, assure Cédric Mendes : « Nous devons définir des missions formatrices en adéquation avec le cursus des ingénieurs et nous adapter aux exigences des établissements. Par exemple, pour un stage en deuxième année d’école d’ingénieurs, un stagiaire assistera un conducteur de travaux. En dernière année, il se verra confier une partie de la réalisation d’un chantier supervisé par un chef de chantier, mais toujours selon des objectifs définis avec l’école. »

Dans cette logique de partenariat, l’entreprise a mis en place une organisation bien rodée : « Chaque année, les cadres formalisent des missions de stages qui sont remontées aux 11 DRH de nos filiales. Lesquels transmettent nos besoins aux écoles partenaires. » En outre, les opérationnels (chef de secteur, conducteur de travaux) chargés d’encadrer les stagiaires participent au jury à l’issue des stages de fin d’études (six mois) des futurs diplômés d’école d’ingénieurs. Pour séduire cette cible, le groupe a défini une grille d’indemnités de stage allant de 1 250 à 1 500 euros par mois pour les stages en fin de cycle d’ingénieur, selon le type d’école.

Outre une journée obligatoire d’intégration et de formation aux consignes de sécurité pour les stagiaires qui officient sur les chantiers, ces derniers sont suivis de près. Tous sont évalués par leur « tuteur » de terrain, à mi-chemin et à la fin du stage, selon une grille de critères techniques et comportementaux, définie par les RH : implication du stagiaire dans sa mission, esprit d’équipe et sens relationnel…

Ce regard est croisé avec l’appréciation du jeune, qui évalue aussi les conditions de déroulement de son stage et l’intérêt de ses missions. Ce système d’évaluation par le stagiaire a permis à Colas d’améliorer certains points, notamment la qualité de l’accueil, qui variait selon les entités et les chantiers : « Pour harmoniser les pratiques, nous avons donc créé un guide d’accueil transmis aux tuteurs des stagiaires », explique Cédric Mendes.

Pour Colas, le principal intérêt de cette double évaluation est d’identifier très vite les stagiaires ingénieurs en fin d’études, motivés et susceptibles d’être embauchés. Objectif : leur proposer rapidement une offre d’emploi ferme avant qu’ils ne trouvent un poste ailleurs. « Le premier avis du tuteur nous permet de repérer assez tôt les étudiants qui ont un potentiel d’encadrement et de bonnes qualités relationnelles. Pour les stages de fin d’études, qui ont lieu entre mars et septembre, notre campagne de préévaluation démarre en mai. Via des entretiens d’embauche avec les RH, notre objectif est de proposer un CDI aux meilleurs stagiaires avant la fin de l’été », détaille le responsable du recrutement. Une politique qui porte visiblement ses fruits, puisqu’en moyenne, 80 % des cadres débutants au sein de Colas sont d’anciens stagiaires.

COLAS FRANCE

• Activité : construction de routes.

• Effectif : 38 000 salariés.

• Chiffre d’affaires 2012 : 7,36 milliards d’euros.

Auteur

  • L. C.