On parle souvent de donner du feedback, mais on insiste rarement sur la façon de le recevoir. Ce sont pourtant les deux facettes du même savoir-faire, qui consiste à progresser grâce aux échanges avec son entourage. C’est vrai que, parfois, les remarques d’un manager ou d’un collègue passent vite pour des attaques personnelles ou des critiques. Il faut donc prendre du recul pour ne pas être sur la défensive.

Mais comment écouter ce que l’on n’a pas envie d’entendre ? En changeant notre regard sur la nature d’un feedback. La personne qui nous fait une remarque voit la situation avec une perspective différente de la nôtre. Elle n’a pas forcément raison (elle peut même avoir carrément tort), mais son point de vue est intéressant à considérer car il nous renseigne sur ce qu’elle perçoit. Comme c’est à partir de cette représentation qu’elle va construire sa réalité et ses relations avec nous, mieux vaut entendre ce qu’elle ressent ou ce qu’elle pense.

Écouter ne suffit pas, il faut comprendre ce que l’interlocuteur veut dire et la raison pour laquelle il le dit, surtout si le message n’est pas parfaitement clair. Poser des questions d’exploration est parfaitement adapté. « Si je comprends bien, tu me reproches de ne pas t’inclure suffisamment dans mes réflexions, est-ce que tu as des cas particuliers en tête ? » Plus on s’éloigne des généralisations, plus le feedback est exploitable, car on comprend plus spécifiquement ce que notre interlocuteur attend ou ce qui lui a déplu.

Le secret de l’acceptation des feedback est de considérer les personnes que l’on côtoie comme des professeurs, des coachs d’un instant, qui ont quelque chose à suggérer pour que l’on s’améliore. L’un nous reproche de ne pas tenir nos délais et souligne que cela perturbe le déroulement du projet, l’autre nous dit que l’interrompre sans cesse quand il parle lui donne le sentiment d’être bafoué, ignoré, et que cela détruit le climat de confiance ; chaque leçon est bonne à prendre pour celui qui veut progresser.

Quand on adopte ce point de vue, il devient plus facile de remercier la personne pour son feedback. Remercier ? Oui, j’ai bien dit remercier. « Merci de ce feedback, je ne me rendais pas compte de ces répercussions » ou bien « cela m’éclaire, je ne savais pas que tu vivais la situation comme cela ». Si l’on reste dans son ego, on a du mal à remercier. Mais si l’on considère que l’on a reçu une information utile pour s’améliorer, on se place alors dans une dynamique d’apprentissage. Chaque jour, nous sommes ainsi entourés de messagers, et chacun à sa manière nous distille un conseil destiné à nous faire grandir.

La question n’est donc pas “est-ce juste ou faux ?”, mais plutôt « comment puis-je utiliser cette information pour progresser ? ». Il est très aidant de noter par écrit ce que l’on a appris d’une situation difficile ou d’un feedback. Car l’écrit permet de prendre du recul, de se dégager de l’émotion et d’intégrer l’apprentissage.

Après tous ces efforts, on a bien mérité une petite récompense ! La dernière étape de l’art de recevoir du feedback est donc de se faire du bien : choisir une activité qui nous sort de la routine, s’octroyer un petit break, se faire plaisir afin de reconnaître à ses yeux ce que l’on vient d’accomplir.