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CHEZ KRONENBOURG, LES DÉÇUS DE LA VAE EN SOLO DYNAMISENT UNE VAE COLLECTIVE

Pratiques | publié le : 26.03.2013 | CHRISTIAN ROBISCHON

La validation des acquis de l’expérience a décollé chez le brasseur grâce à une démarche collective, qui a réintégré un groupe de déçus d’un précédent parcours individuel de VAE.

Engagés dans une VAE collective, dix salariés des Brasseries Kronenbourg (1 200 salariés hors force de vente itinérante) touchent à leur but: sept d’entre eux sont déjà diplômés, trois postuleront au printemps et à l’automne prochains à l’obtention du parchemin qui consacrera leur parcours. Seul un onzième a jeté l’éponge rapidement, au stade redouté de la rédaction du livret 1 de description de l’expérience professionnelle.

Cette réussite n’allait pas de soi, car quatre des onze candidats avaient déjà tâté de la VAE individuelle, mais sans aller au bout. « Ils avaient buté sur les arcanes administratifs et sur un discours d’accompagnement du monde académique et universitaire qui, à force de ne pas leur cacher la longueur et la difficulté de la tâche, avait fini par les décourager », décrit Laurent Pons, directeur du développement RH.

Des témoignages précieux

« Nous avons repris ce groupe de déçus pour monter une VAE collective, avec l’appui de la région Alsace et de la Maison de l’emploi de Strasbourg qui cherchaient une entreprise pilote pour dynamiser ce type de démarche. Loin d’être un frein, ce quatuor a stimulé ses collègues: les témoignages ont été précieux pour la rédaction du livret 1 », poursuit le responsable RH.

Un cabinet local de consulting, Cedeme, a accompagné chaque candidat, durant une période cumulée de 400 heures. Il a apporté un soutien autant technique que “moral”, afin d’entretenir, voire ranimer, la flamme au sortir des longues heures de travail personnel à la maison. « Cela consomme beaucoup de temps personnel mais, au final, on a la reconnaissance de la progression dans l’entreprise », souligne Christian Ferrenbach, ancien opérateur devenu responsable de ligne de production par promotions successives.

La démarche de VAE a duré de douze à vingt-quatre mois, en fonction de l’état d’avancement initial des candidats. Elle a représenté un budget de 40 000 euros, qui a bénéficié de cofinancements publics. Si le groupe remarquablement paritaire (cinq femmes) était assez homogène en termes d’âge (tranche dominante de 40 à 50 ans en phase avec la démographie de l’entreprise) et de statut hiérarchique (employés, techniciens, managers de proximité…), il était fort divers concernant les types de postes et de fonctions occupées et les qualifications initiales.

Viser un poste libéré en interne

Des niveaux allant du bac – voire infra dans le cas d’anciens opérateurs montés en grade – jusqu’à un master s’y cotoyaient. D’où la construction de plu-sieurs parcours semi-collectifs par sous-groupes de trois ou quatre. « Au final, par rapport à son diplôme initial, chacun s’est élevé de deux niveaux », indique Laurent Pons.

Au début de l’initiative, les salariés se sont demandé si la VAE ne cachait pas une incitation au départ volontaire, d’autant qu’elle intervenait au sortir d’un PSE, souligne José Garcia, délégué central FO. Chemin faisant, elle a été bien vécue: « Elle permet de viser un poste qui se libère en interne, et apporte un plus au CV qui peut servir en externe », reconnaît le responsable syndical.

Côté top management aussi, la démarche a suscité des interrogations: la direction générale a craint une vague de démissions amplifiée par l’annonce, d’emblée, que la VAE serait sans impact sur la rémunération. « Ce risque d’une prise d’indépendance a été assumé. Il y avait une demande de ces salariés de dépassionner leur relation à l’entreprise et de mesurer leur valeur sur le marché du travail. Au final, aucun ne nous a quittés », se félicite Laurent Pons. Le brasseur reste ouvert à de nouvelles candidatures.

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON