Avec 570 et 482 salariés, le Qatar et l’Indonésie viennent de détrôner la France dans les effectifs globaux de Spie Oil & Gas Services… et l’Angola et le Gabon ne sont plus très loin. Cette filiale du groupe français Spie, spécialisée dans les services à l’industrie pétrolière et gazière, compte aujourd’hui 3 800 salariés de 70 nationalités, dont près de 1 500 expatriés. Depuis 2009, la plupart des contrats internationaux sont gérés depuis un hub situé à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis. « Nous traitons nos expatriés de manière plus homogène et les impôts et les charges sont réduits, argumente José Mendes, DRH de la filiale. Les Français employés par le hub conservent une couverture chômage et retraite spécifique, mais cette structure simplifie la gestion de tous nos expatriés, notamment les enchaînements de missions courtes d’un pays à l’autre, des missions en forte augmentation. C’est aussi un moyen de fidéliser une main-d’œuvre rare et volatile. »

Spie Oil & Gas Services emploie près d’un millier d’experts pointus pour des prestations de services d’ingénierie (30 % du chiffre d’affaires). Les salariés en contrats effectuent des rotations durant quelques mois (un an maximum) : deux semaines de travail, deux semaines de repos dans les climats difficiles (mer du Nord), avec de longues journées, et plutôt quatre et quatre semaines en moyenne dans le reste du monde. Majoritairement mariés, 44 ans de moyenne d’âge, les expatriés partent le plus souvent seuls. Depuis peu, une nouvelle catégorie est apparue : des experts free-lance, qui vendent leurs compétences aux plus offrants et facturent au forfait. Ils sont une centaine à travailler ponctuellement pour Spie, sont chers, mais permettent de faire face à la pénurie occasionnelle de main-d’œuvre sur certains métiers.

Pour ces missions d’expertise, difficile de recourir à des contrats d’expatriation classique en famille… lesquels durent au moins trois ans et concernent environ 200 salariés sur des fonctions de structure (directeur pays, DRH, directeur financier…) dans une vingtaine de bases opérationnelles. « De plus en plus de pays exigent un quota de salariés nationaux, ce qui est tout à fait normal, explique José Mendes. Un quota qui approche ou dépasse 50 %, comme en Arabie saoudite, au Yémen, en Angola ou encore au Gabon. » Les missions courtes d’expertise sont mieux adaptées à cette contrainte, tout comme les contrats de projets, eux aussi en forte croissance. Plus de 200 expatriés travaillent dans la business unit Projet systèmes, par exemple sur des installations télécoms, électriques et électroniques pour des infrastructures pétrolières ou sur des opérations de maintenance.

Spie Oil & Gas Services investit aussi dans le développement des compétences de ses clients. La filiale de Spie va former près de 250 personnes durant deux ans en Irak, dans le cadre de deux contrats avec des opérateurs italien et américain. « Dans les zones à risques, comme le Yémen et la Libye, nous n’envoyons plus les familles ; nous conservons sur place seulement les salariés dont les compétences sont critiques, souligne Thiery Smagghe, DRH groupe de Spie. On recense systématiquement les expatriés, on vérifie la nécessité d’escortes, on établit une cartographie des risques plus précise et mieux actualisée. C’est par exemple le cas au Tchad, au Nigéria ou en Mauritanie. »

Si l’expatriation évolue sensiblement, elle ne diminue pas, d’abord parce que le chiffre d’affaires de la filiale a été multiplié par deux en huit ans. Ensuite parce que Spie Oil & Gas Services est positionné sur des métiers très pointus, pour lesquels il y a peu (voire pas) de formations dans les pays clients et qui nécessitent parfois vingt ans d’expériences pour certaines opérations. Parallèlement, l’entreprise assure faire monter en compétences son personnel local chaque fois que c’est possible.

Activité : services à l’industrie pétrolière et gazière.

Effectif monde : 3 800 salariés.

Chiffre d’affaires : 437 millions d’euros en 2011.