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Enquête

LE COMMUTING ET LES CONTRATS LOCAUX STRUCTURENT LA MOBILITÉ

Enquête | publié le : 26.03.2013 | N. L.

Le spécialiste des télécoms a revisité depuis quelques années sa politique de mobilité internationale longtemps considérée comme très généreuse : le télétravail est mis à profit, les missions se raccourcissent, les contrats locaux remplacent l’expatriation.

Deux à trois jours par semaine, il travaille à Paris (et loge à l’hôtel) ou se déplace à l’étranger… le reste du temps, il “télétravaille” à son domicile de Madrid. Javier Cerrudos est vice-président RH de l’activité Livraisons clients (33 000 salariés) d’Alcatel-Lucent. Avec son contrat de travail espagnol, il n’est pas expatrié, mais il est bien en mobilité internationale.

Plusieurs fois par semaine, lors d’une conférence téléphonique à la mi-journée (le meilleur créneau pour les décalages horaires Asie-Amérique), il échange avec les managers opérationnels ou avec son équipe de dix responsables RH de cinq nationalités différentes, qu’il rencontre une fois par trimestre. « Même s’il est nécessaire de se voir ponctuellement pour mieux se connaître, le fonctionnement à distance permet de travailler tout à fait efficacement, témoigne Javier Cerrudos. J’organise mon travail de manière flexible et je suis davantage avec ma femme et mes deux filles. Au début, je ne revenais que le week-end à Madrid. J’avais dit à ma femme, qui elle aussi travaille : si c’est trop compliqué, j’arrêterai. » Finalement, hormis une parenthèse de deux ans à Shanghai avec sa famille, voici quatorze ans qu’il est commuter.

Des salariés moins stréssés et plus efficaces

Un cas isolé ? « Chez Alcatel-Lucent, nous avons une culture globale très ancrée avec une grande diversité d’origines, souligne Sylvie Legrez-Carré, vice-présidente rémunérations, avantages sociaux et mobilité internationale. Les commuters sont de plus en plus nombreux, notamment en Europe sur les fonctions transversales, lorsque leur lieu de travail se situe à 2-3 heures maximum de leur lieu de résidence, via l’avion ou le train. » Quant au télétravail, il concerne plus de la moitié des 76 000 salariés, à raison d’un à deux jours en moyenne par semaine, qu’ils soient cadres dirigeants, assistant (e) s administratifs ou commerciaux. Une pratique encore peu développée en Chine, mais très répandue aux États-Unis, en Espagne ou en Belgique. « C’est de moins en moins légitime de faire bouger toute la famille, avec les contraintes liées à la scolarité et au travail du conjoint. Grâce au commuting et au télétravail, les salariés sont moins stressés et donc plus efficaces », assure Sylvie Legrez-Carré, elle-même commuter entre Paris et Genève pendant huit ans.

Centres de services partagés

Depuis presque trois ans, pour faire face à ses difficultés économiques, le groupe a redéfini toute sa politique d’expatriation, jusque-là réputée très généreuse. Deux centres de services partagés (CSP) ont été installés en Roumanie et en Malaisie, pour gérer les aspects administratifs et les packages, ce qui a permis de réduire les coûts de plus de 7 %. Surtout, Alcatel-Lucent recrute davantage de locaux et s’interroge systématiquement sur la pertinence du renouvellement des contrats d’expatriation.

Désormais, l’équipementier propose à la plupart de ses nouveaux expatriés des contrats aux conditions locales, lorsque le niveau de vie entre le pays d’accueil et le pays d’origine est proche, notamment entre la France, l’Allemagne, l’Espagne et les États-Unis. Tout en maintenant des packages élevés dans certaines zones (en particulier en Afrique) ou des contrats Local Plus dans d’autres (chauffeur et logement à Shanghai, par exemple). Quant aux expatriés désirant rester dans le pays d’accueil au terme de leur contrat, ils deviennent de plus en plus souvent des salariés locaux, avec rupture de leur contrat de travail dans le pays d’origine… une situation assez fréquente en Chine, même si la problématique de la future retraite freine les velléités de nombreux seniors français.

Résultat : le groupe est passé de 700 expatriés en février 2010 à 450 aujourd’hui. En outre, la durée d’expatriation a sensiblement reculé, puisque près de la moitié des salariés sont en contrat de deux ou trois ans contre cinq ans auparavant. Pour accompagner cette nouvelle politique de mobilité internationale, Alcatel-Lucent a mis en place un outil interne (International job opportunity market) qui permet à tout salarié de postuler, sans forcément informer son manager. « De plus en plus de jeunes salariés sont intéressés par des contrats locaux, on les aide alors à s’installer », indique Sylvie Legrez-Carré. Des jeunes qui peuvent devenir d’emblée des salariés locaux, sans passer par la case expatriation.

ALCATEL-LUCENT

• Activité : Equipements de télécommunications.

• Effectif monde : 76 000 salariés.

• Chiffres d’affaires monde : 14,4 milliards d’euros en 2012.

Auteur

  • N. L.