Est considéré comme chômeur, au plan international, celui ou celle qui est à la recherche d’un emploi. Mais cette définition a minima ne dit rien de la manière dont le chômage est vécu par les individus concernés. Le fait que le chômage soit évidemment appréhendé de manière différente selon les pays, le genre, l’âge, la culture locale et les personnes elles-mêmes n’implique pas qu’il n’y ait pas entre elles des rapports quant à leur manière de réagir.

Le chômage n’est réductible ni à un statut codifié juridiquement, réglementé administrativement et normalisé statistiquement, ni à une expérience individuelle. À la croisée du social et du personnel, trois sociologues et une anthropologue tentent de dégager les grandes configurations du chômage, à la fois différenciées selon les contextes sociétaux et inscrites dans une même matrice de significations. Au terme d’une étude qualitative menée à Paris, São Paulo et Tokyo, le chômage ne désigne plus une situation universelle homogène, mais un jeu de significations plurielles recouvrant toutes les nuances des compositions possibles entre trois déterminants de base, communs aux trois terrains: le découragement, la compétition pour l’emploi, la débrouillardise.

Outre la promotion d’une approche originale, l’objectif de la recherche est de mieux cerner le poids sociologique du chômage, ce qui devrait être de nature à éclairer les choix relatifs aux politiques de l’emploi.

Être chômeur à Paris, São Paulo, Tokyo

D. Demazière, N. Araujo Guimaraes, H. Hirata, K. Sugita, Les Presses de Sciences Po, 351 pages, 32 euros.