A peine conclu, l’accord de productivité pour les personnels navigants commerciaux (PNC) qu’ont ratifié, le 15 mars, la direction d’Air France et trois syndicats (Unac-CGC, Unsa et SNPNC, le syndicat national du personnel navigant de cabines) a fait réagir le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) : « La direction avait demandé en 2012 que toutes les catégories de personnel fassent des efforts de productivité à hauteur de 20 % pour préserver la compétitivité de l’entreprise. Nous avons le sentiment que ces efforts ne sont pas équitablement répartis », indique un porte-parole du SNPL.

À ce stade, le syndicat ne dit pas quels sont ces efforts. Mais il semble que l’attribution des temps de repos, plus favorables aux PNC qu’aux équipages (pilotes et copilotes) soit l’un des principaux points de blocage.

Pour faire valoir son mécontentement, ce syndicat a « gelé [sa] participation au plan d’efficacité économique Transform 2015 ». En clair ? Il ne dénonce pas l’accord s’appliquant à sa catégorie – qu’il avait été le premier à accepter de signer en juin 2012 – mais il fait suspendre toutes les mesures programmées pour les pilotes telles que le gel des changements de classe (soit les augmentations à l’ancienneté) et la densification des activités de vols moyen courrier. Il en a la capacité, poursuit ce porte-parole : « Nous avons négocié, dans notre accord, la création d’un Observatoire des transformations pour surveiller la mise en œuvre des gains de productivité dans toutes les catégories. Cet observatoire paritaire décide aussi de l’implémentation des différentes mesures. Celles contenues dans ce nouvel accord ne sont pas celles prévues initialement à la signature, en juillet 2012. »

Ce revirement est un épisode de plus dans le bras de fer auquel se livrent les partenaires sociaux, tenus d’accompagner 5 122 suppressions de postes. La CGT, hostile depuis le départ au projet Transform, dénonce l’attitude du SNPL : « Il mène une stratégie purement corporatiste et met constamment la pression sur la direction, affirme David Ricatte, délégué central CGT. Il en a les moyens. Quand un pilote est en grève, l’avion ne décolle pas. »

Le SNPL réfute toute logique d’obstruction. De son côté, la direction, tout à l’installation du successeur du Pdg du groupe, Jean-Cyril Spinetta, se veut rassurante : « La mise en œuvre de Transform 2015 se poursuit selon le calendrier prévu, affirme une porte-parole d’Air France. S’agissant de l’accord PNC, nous venons de communiquer au SNPL les réponses aux questions qu’ils nous ont posées. Nous avons pleinement confiance dans la qualité du dialogue social et le sens des responsabilités des partenaires sociaux. »