La région capitale a inauguré la formation par alternance avec des compagnies aériennes. Le gouvernement espagnol s’efforce de faire prospérer l’initiative dans tout le pays en lui donnant un cadre favorable pour les employeurs.
Lorsque, en septembre 2011, la région de Madrid propose aux employeurs d’expérimenter la formation en alternance, Iberia n’hésite pas à se lancer dans l’aventure, aux côtés de six autres compagnies aéronautiques. Le programme, spécialisé dans la maintenance des avions, entame actuellement sa seconde année. Il s’inspire du modèle allemand, qui avait séduit la présidente de la région en fonction à l’époque, et a bénéficié d’échanges entre les chambres de commerce des deux pays. Une vingtaine de candidats - de niveau équivalent et supérieur au bac français - ont été sélectionnés pour étudier dans un centre de formation professionnelle entre septembre et décembre, puis au sein d’Iberia de janvier à juin.
Rémunérés, ils reçoivent une formation théorique et pratique, supervisée par un tuteur. « L’idée d’être pionnier nous a séduits, nous allons former de bons professionnels », assure-t-on à Iberia. Pour autant, l’entreprise ne s’est pas engagée à réaliser des embauches à l’issue du programme.
En tout cas, l’expérience a encouragé la région de Madrid à étendre le modèle, alors que l’Espagne cherche des solutions pour lutter contre le chômage des jeunes de moins de 25 ans, dont le taux atteint plus de 52 %. Depuis octobre 2012, près de 85 grandes entreprises et PME se sont engagées à former 500 élèves de l’enseignement supérieur. « Ces sociétés ont l’obligation de désigner un tuteur, qui est en relation avec notre coordinateur de formation en alternance », explique María José García Patrón, directrice générale du secondaire et de l’enseignement professionnel au ministère régional de l’Éducation à Madrid.
Avec ce nouveau programme, l’élève reçoit 9 000 euros net à la fin de la formation pour vingt mois de présence, soit environ 450 euros mensuels. La région prendra en charge les deux tiers de ce coût, l’entreprise versant le reste. « Ces expériences restent très différentes du stage obligatoire en formation professionnelle classique. Avec l’alternance, ils passent beaucoup de temps en entreprise, explique María José García Patrón. Le problème en Espagne est d’accéder à un premier emploi, mais aussi l’inadéquation avec les besoins des entreprises. Lorsque l’économie repartira, celles-ci pourront, je l’espère, utiliser ce vivier. »
Il est trop tôt pour dire si ce dispositif, qui fonctionne si bien en Allemagne, pourra s’adapter outre-Pyrénées. Le gouvernement veut y croire. Il a adopté un décret en novembre 2012 pour encadrer le développement de l’alternance dès septembre 2013. Les régions seront chargées de négocier avec les entreprises. Cette formation, d’une durée de trois ans, pourra concerner les jeunes dès l’âge de 15 ans jusqu’à plus de 30 ans. Plusieurs options sont proposées : soit l’administration régionale, soit l’entreprise paiera la formation, ou les deux partageront les coûts.
La première année, 25 % au minimum du temps sera consacré à la formation, puis 15 % durant les deux années suivantes. Les apprentis passeront le reste du temps dans l’entreprise. Le décret prévoit un allégement de 100 % des charges sociales pour les entreprises de moins de 250 salariés, et de 85 % pour les plus grandes. Si, au bout des trois ans, l’apprenti obtient un CDI dans l’entreprise, les exonérations de sécurité sociale iront jusqu’à 1 500 euros annuels pour un homme et jusqu’à 1 800 euros pour une femme.
Reste à savoir si le modèle allemand peut s’adapter tel quel. La culture et le tissu industriel des deux pays restent très différents. L’Allemagne compte trois fois plus d’entreprises de taille moyenne que l’Espagne, et 99,1 % des PME espagnoles comptent moins de 10 salariés.
