Certains connaissent le petit apologue de la personne qui cherche ses clés, la nuit, non là où elle les a perdues mais dans la lumière d’un lampadaire parce que, au moins, elle y voit clair. Pour l’auteur, professeur d’économie à Sciences Po et directeur de recherche à l’OFCE, on procède de cette manière en matière économique, en se contentant d’analyser la conjoncture en fonction de nos lumières passées, comme si rien n’avait changé depuis des décennies. Les théories néolibérales qui défendent l’idée d’autorégulation du marché sans intervention de l’État semblent méconnaître l’existence d’un chômage de masse et d’une pauvreté grandissante, qui réduit le pouvoir d’achat des consommateurs. Les théories néokeynésiennes, pour leur part, n’en finissent pas de tenter de rendre leur théorie compatible avec la doxa libérale, n’en proposant des ajustements qu’à la marge. Les dirigeants des pays occidentaux semblent avoir renoncé à faire valoir un point de vue politique.

Le marché est devenu une sorte de divinité qu’il n’est plus question de contredire. L’Europe, notamment, qui s’est construite sur la seule logique du marché, délaissant son unité politique, paraît définitivement incapable de s’extraire de l’ornière. Il y a grande urgence, selon l’auteur, à sortir des théories toutes faites pour prendre la mesure du problème et remettre l’intérêt du citoyen au cœur du débat. Ce qui passe sans doute par une remise en cause des politiques monétaires et budgétaires actuelles de l’Union.

Le Théorème du lampadaire

Jean-Paul Fitoussi, Les liens qui libèrent, 256 pages, 20 euros.