Alors que l’encadrement se sent pris en étau entre des directions qui demandent toujours plus de résultats, et la base qui renâcle contre la pression grandissante, Jean-Marie Bergère, délégué général de Développement et emploi, et Yves Chassard, spécialiste des questions économiques qui fut, entre autres, chef du département Travail, emploi et formation au Centre d’analyse stratégique, rassemblent dans cet ouvrage les contributions d’un colloque organisé par l’Observatoire des cadres, structure de réflexion et d’échanges émanant de la CFDT.

S’y pose en filigrane une question existentielle pour l’encadrement. Tout se passe, en effet, comme si les définitions de responsabilité des employés et des cadres avaient évolué en sens inverse : les travailleurs devant aujourd’hui, selon la théorie managériale en vogue depuis trois décennies, être autonomes, responsables, créatifs, tandis que le travail des cadres tend à se tayloriser du fait de l’uniformisation des procédures introduite par les nouvelles technologies de communication et par la généralisation du reporting.

L’encadrement garde-t-il une spécificité ? Et si oui, laquelle ? Pour redonner tout son sens à la fonction cadre, les auteurs de l’ouvrage plaident en faveur d’une plus grande participation de l’encadrement aux décisions stratégiques et à la définition des conditions de travail de leurs équipes. Les cadres ne remettent nullement en cause le principe de rentabilité, mais ils souhaitent que celui-ci soit fondé sur la coopération et la concertation.

À quoi servent les cadres ?

Sous la direction de Jean-Marie Bergère et Yves Chassard, Odile Jacob, 224 pages, 23,90 euros.