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Enquête

LE SITE ARDÉCHOIS SAUVE LES MEUBLES

Enquête | publié le : 19.02.2013 | LAURENT POILLOT

Direction et syndicats sont convenus d’une modération salariale et d’une réorganisation du temps de travail pour maintenir l’activité à Saint-Désirat. Mais le PSE annoncé antérieurement reste, lui, d’actualité.

Elles ont accepté trois jours de RTT en moins, le gel des salaires en 2013 et l’abandon d’une prime de participation d’au minimum 500 euros, contre un investissement de 20 millions d’euros destiné à préserver le site. Le 18 janvier, les trois organisations syndicales (CGT, CFDT et CFE-CGC) de Plastic Omnium Composites (ex-Inoplast) ont finalement approuvé un accord de compétitivité. Elles s’attendaient à l’ouverture d’une telle négociation depuis le CCE de début octobre 2012 : la direction leur avait alors annoncé son intention de supprimer 95 emplois de l’usine de Saint-Désirat (Ardèche) parmi les cadres et agents de maîtrise. À savoir, 70 licenciements et 25 mutations vers d’autres structures du groupe, en particulier dans l’Ain.

La direction avait déjà fait valoir, selon la CFDT, une accumulation des pertes, de l’ordre de 50 millions d’euros en quatre ans combinée à une forte perturbation de l’activité de fabrication de pièces plastiques thermoformées, depuis l’incendie de l’atelier de peinture en mars 2012. Pour les organisations syndicales, il ne fait aucun doute que ce sinistre est le déclencheur de mesures sociales.

300 emplois menacés

« Les fermetures d’usines qu’on voit partout en France font peur à tous, commente, amer, Bernard Bosc, délégué CGT. Nous n’avons pas eu d’autre choix que de signer cet accord. » Pour lui, plus de 300 emplois étaient en jeu sur les 1100 répartis sur trois sites. « Selon la direction générale, l’usine de Saint-Désirat est celle qui, en France, fait le plus souvent grève; on nous l’a fait payer. » Le PSE annoncé, lui, n’est pas concerné par l’accord, et peut donc encore être mis en œuvre. « Les organisations ont signé sous la contrainte et ne se sont pas senties en droit de mettre en danger les emplois, témoigne une autre source proche du dossier, qui tient à rester anonyme. La négociation a été voulue par la direction générale. De son côté, la direction régionale a essayé de mettre en place un accord le moins dérangeant possible. »

« Il nous avait été demandé de réduire de 10 % la masse salariale; nous avons signé à 5 % », résume Bernard Bosc. Les économies se répartissent en trois volets. Primo : la réduction des RTT. Les salariés abandonnent trois jours, qui ne seront pas retrouvés à l’issue de l’accord de compétitivité. Ce sacrifice compte pour 1,5 des 5 points d’effort convenus. Il est toutefois modéré, car les salariés étaient jusqu’ici payés 35 heures pour une amplitude moyenne de 34,5 heures hebdomadaires.

Horaires individualisés

Deuxième volet : la modération salariale. Les salaires sont gelés en 2013. Leur augmentation en 2014 n’excédera pas un demi-point d’indice Insee. Le 0,5 point d’économie restant s’effectuera sur la prime d’intéressement – d’au moins 500 euros par personne – qui ne sera plus versée jusqu’en 2015.

Pour l’essentiel, ces modifications programmées sur trois ans seront limitées à 2013-2014, fait remarquer la CGT, qui estime avoir globalement sauvé les meubles. Les syndicats viennent de finaliser un accord d’horaires individualisés, pour aborder la situation des salariés non cadres dont les horaires sont fixés à la journée. C’est sur l’aménagement du temps de travail que s’opérera l’essentiel des changements : « Les contrats de travail pourront être modifiés, prévient Hervé Di Franco (CFDT). Les gens auront des plages fixes, d’autres non fixes. Jusqu’ici, le choix était large et la seule contrainte était la nécessité des services. » Contactée à plusieurs reprises, la direction est restée injoignable.

PLASTIC OMNIUM COMPOSITES

• Activité : fabrication de pièces plastiques thermoformées pour l’automobile.

• Effectif : 1 100 salariés.

• Chiffre d’affaires 2011 : 192,5 millions d’euros.

Auteur

  • LAURENT POILLOT