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Enquête

LE BRAS DE FER CONTINUE

Enquête | publié le : 19.02.2013 | ROZENN LE SAINT

Pour plus de la moitié du personnel, l’accord-cadre compétitivité-emploi proposé par la direction reste en suspens. Des points sur les conditions de l’annualisation du temps de travail sont encore à éclaircir.

Après un conflit de plusieurs mois, direction et syndicats se sont séparés sur un constat de désaccord concernant les modalités d’aménagement du temps de travail des marins de Brittany Ferries, qui augmente le temps de navigation des équipages. Le bras de fer a débuté le 8 juin 2012, quand la direction a présenté « un plan de retour à la compétitivité nécessaire pour retrouver l’équilibre des comptes, après un déficit cumulé en quatre ans de 70 millions d’euros ». Les syndicats majoritaires - la CFDT (50 %) et la CGT (30 %) - se sont opposés à ces mesures. Mais, à la grève des marins, la compagnie bretonne a répondu mi-septembre par un lock-out de 12 jours, du jamais-vu depuis 1987.

Référendum express

Pour mettre fin à cette situation de crise, la direction a présenté un protocole de fin de conflit reprenant le principe d’un aménagement du temps de travail du personnel, qui en énonce les grandes lignes. Sous pression, les élus syndicaux ont lancé un référendum express par téléphone et SMS. Verdict : 59 % du personnel s’est prononcé en faveur de la signature de ce protocole. « Nous avons signé à contrecœur pour respecter la volonté de la majorité. Mais les salariés ont surtout eu très peur, ils se sont prononcés en ayant l’impression d’avoir un fusil sur la tempe », témoigne Thomas Favrel, délégué CGT. La CFDT, elle, a refusé d’émarger le 17 octobre. « L’accord n’a aucune durée déterminée et ne comprend pas d’indication de retour à la situation antérieure à meilleure fortune », dénonce André Milan, secrétaire général de la fédération des transports équipements de la CFDT. Pour autant, elle n’use pas de son droit d’opposition.

En décembre, les négociations redémarrent donc par catégorie de personnel. La direction et la CGT signent les textes introduisant l’annualisation du temps de travail des personnels sédentaires et des officiers, qui doivent à présent travailler 1607 heures dans l’année sur 163 jours (contre 156 auparavant), avec une augmentation salariale prévue de 1 %.

Saucissonnage

Pour les marins, qui représentent 56% des effectifs, la situation est plus compliquée. D’abord, la négociation a abouti à la suppression de “la prime de 1990”, ce qui ampute leur salaire de 84 à 116 euros par mois selon le poste. Pour les équipages chargés de la conduite, le temps de travail effectif augmente. Il passe de 161 jours en moyenne jusqu’alors à 172 jours pour un personnel exécutant marin, avec 1 607 heures par an.

Le temps passé à bord sera plus important : « Nous devrons embarquer jusqu’à 12 heures par jour, l’amplitude est plus élevée et le temps de travail saucissonné. Or, on ne pourra pas rentrer à la maison entre deux services! », explique Thomas Favrel.

Consultés par le syndicat, les marins avaient fini par accepter cette annualisation en janvier, avec 42 jours de congés prévus et 1 % d’augmentation de salaire. Mais, « du jour au lendemain, la direction a changé les termes de l’accord et a annoncé que les équipages auraient seulement 36 jours de congés payés, c’est inadmissible », dénonce-t-il. La CGT a alors refusé de signer le volet de l’accord-cadre concernant les marins. Pour l’heure, elle menace de faire usage de son droit de dénonciation si les discussions ne sont pas rouvertes. De son côté, la direction, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions, affirme que l’accord sera appliqué dès avril, pour l’ensemble du personnel, sur la base du protocole de fin de conflit du 17 octobre.

BRITTANY FERRIES

• Activité : transport maritime.

• Effectif : 2 500 salariés.

• Chiffre d’affaires 2011 : 370 millions d’euros.

Auteur

  • ROZENN LE SAINT