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Enquête

LA MODÉRATION SALARIALE PENDANT DEUX ANS, GAGE D’ADAPTABILITÉ

Enquête | publié le : 19.02.2013 | É. S.

Chez le fabricant de verre industriel, la négociation de mesures de compétitivité s’est finalement traduite par un plan de modération salariale. En jeu : des investissements et l’image des usines françaises vis-à-vis des instances dirigeantes du groupe.

« Quand la direction nous a présenté le menu, on n’a pas eu d’autre choix que de se mettre à table » : selon Hervé Terrier, délégué syndical central CGT, c’est ainsi qu’a démarré, en octobre dernier, la négociation sur des mesures de compétitivité chez AGC France (ex-groupe BSN). Augmentation du temps de travail de cinq jours par an, indexation du 13e mois – de 3 000 euros pour tous jusque-là – sur les salaires pour les nouveaux embauchés, modération salariale pendant deux ans, moindre rémunération des premières heures supplémentaires… Le « menu » s’annonçait copieux, mais il était à la carte, assure Jean-Michel Dupuis, le DRH du groupe : « Il ne s’agissait pas de tout mettre en œuvre, mais de proposer des pistes à négocier à nos partenaires. »

Ne pas augmenter la flexibilité

Les trois mois suivants, se souvient-il toutefois, ont été « chauds ». La mesure sur le 13e mois, considéré comme un « symbole historique du principe d’égalité auquel les syndicats étaient très attachés », est abandonnée. Idem pour les heures supplémentaires et la hausse du temps de travail, qui a tout de suite été un « casus belli », poursuit le DRH. Il faut dire que deux accords de flexibilité du temps de travail avaient déjà été signés en 2009 et 2010 sur l’un des deux sites, qui ont conduit à réorganiser le travail de 12 × 24 (3 jours de 12 heures par semaine) en 5 × 8 (5 jours de 8 heures alternés avec 3 jours de repos), et à réaménager les horaires des salariés hors production, de façon à passer de 29 jours de RTT à 20 jours. « À l’époque, un four était arrêté, nous avions le couteau sous la gorge, se souvient Jonathan Ply, délégué syndical central CFDT, signataire de l’accord sur les 5 × 8. Ce sont des concessions importantes pour les salariés. Avec le passage en 5 × 8, les gens ont perdu en qualité de vie. »

Au final, c’est donc un blocage des salaires sur deux ans qui est signé fin décembre. « C’est un accord donnant-donnant, estime Jean-Michel Dupuis. Nous voulions un consensus, c’est aussi pourquoi nous l’avons mis dans un accord. » Au vu des politiques salariales des années précédentes, le DRH s’attend à une économie réalisée de 4 % à 4,5 % de la masse salariale. « C’est un point fondamental. Si nous restons à l’équilibre en 2013, ce sera peut-être grâce à notre accord. »

La signature de ce plan de modération salariale a des effets au-delà des frontières d’AGC France. Car, dans ce groupe international aujourd’hui japonais, la mise en concurrence des sites de production, ajoutée à un marché en berne, s’est traduite par la fermeture de plusieurs fours en Europe, insiste Jean-Michel Dupuis. « On s’est dit : la prochaine fois, si on ne fait rien, ce sera notre tour. La direction Europe remettait sur le tapis les 35 heures françaises, il y avait une certaine pression. Il fallait montrer qu’on était encore capables de s’adapter. Aujourd’hui, notre accord est salué par la direction du groupe. »

Pour autant, reconnaît-il, « rien n’est acquis » pour l’avenir. De fait, l’accord ne mentionne pas explicitement le maintien dans l’emploi, mais détaille les investissements qui seront réalisés sur les sites. De quoi rassurer un peu Hervé Terrier : « Avec ces investissements, on n’envisage pas de PSE. » Lui estime qu’il y a eu une volonté commune de « trouver des solutions face aux réalités économiques. Le diagnostic était partagé ». Point que relève également le DRH : « Nous avons dévoilé tous les enjeux de notre plan stratégique à 2015. »

Une commission paritaire doit désormais suivre la mise en œuvre des engagements pris.

AGC FRANCE SAS

• Activité : fabrication de verre plat.

• Effectif : 620 salariés.

• Chiffre d’affaires 2012 : 185 millions d’euros.

Auteur

  • É. S.