Administration à l’image traditionnellement sympathique et humaine, La Poste - comme France Télécom qui en fut séparée en 1990 - est devenue une entreprise dont la gestion s’inspire de celle du secteur privé. Peu à peu, la qualité du travail et de l’emploi s’y est dégradée : recours massif et répété aux CDD, contrats à temps partiel, intensification du travail, management par le stress avec pour conséquence l’épuisement de nombreux postiers, des dépressions, des suicides.
L’auteur, qui fut tout d’abord manutentionnaire à La Poste puis postier avant de faire son chemin dans la hiérarchie, témoigne de cette dégradation qui continue de s’aggraver, au point que des médecins du travail ont alerté les autorités de tutelles sur les risques psychosociaux dans l’entreprise. Délégué syndical CGT puis Sud PTT, il a, en tant que conseiller juridique, obtenu 160 fois la condamnation de La Poste devant les tribunaux. Pour lui, les mouvements sociaux traditionnels ont montré leurs limites. Il se vante d’avoir cependant trouvé la faille du « monstre », qui ne gagne aucun des procès qui l’opposent à ses salariés. Une publicité dont La Poste se passerait bien et un effet boule de neige qui témoigne d’une évolution du combat syndical en phase avec l’évolution des entreprises. Ce livre, écrit juste avant le départ à la retraite de l’auteur, veut accroître la portée du combat, mené non seulement contre une entreprise, mais, plus généralement, contre le mode de management néolibéral.
Le Livre noir de La Poste
Thomas Barba, éditions JCG, 208 pages, 17,90 euros.
