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SuisseLES HORLOGERS RÈGLENT LEUR RECRUTEMENT SUR LE MARCHÉ FRANÇAIS

Pratiques | International | publié le : 12.02.2013 | CHRISTIAN ROBISCHON

En pleine expansion, les entreprises helvétiques d’horlogerie font pousser, à quelques kilomètres de la Franche-Comté, leurs nouvelles usines qui compteront plusieurs milliers d’emplois. Objectif : recruter des travailleurs frontaliers.

Portée par le boom du marché mondial, l’industrie horlogère suisse embauche à tour de bras. Parmi les projets phares, Swatch ouvre au printemps une nouvelle usine qui emploiera 600 salariés en fin d’année. Tag-Heuer (groupe LVMH) prévoit à terme 150 emplois dans une nouvelle unité qui démarre à l’automne prochain. Le groupe Richemont (Cartier, Jaeger-Le-Coultre, Vacheron…) est engagé dans la création de quelque 1 800 postes sur la période 2012-2014 par une succession d’extensions et de créations de sites. La quasi-totalité des nouvelles usines s’implantent à moins de 10 kilomètres de la frontière française, dans les cantons de Neuchâtel et du Jura. C’est tout sauf un hasard. Les entreprises veulent attirer à elles les salariés frontaliers français, tout en restant sur le territoire helvétique, aux conditions fiscales et sociales plus avantageuses pour l’employeur.

TAG-Heuer table sur une moitié de frontaliers français dans les effectifs de sa nouvelle usine à Chenevez. Côté suisse, le taux de chômage plafonne à 4,8 % fin 2012 dans l’“Arc jurassien” qui coiffe le Jura et Neuchâtel. « Les besoins de recrutement dépassent le nombre des nouveaux formés en Suisse, qui augmente pourtant d’année en année », ajoute Romain Galeuchet, de la Convention patronale de l’industrie horlogère, la fédération de cette branche forte de 52 000 salariés.

La solution réside donc dans les bassins limitrophes de la Franche-Comté voisine, qui comptent déjà plus de 26 000 frontaliers tous secteurs confondus. Les différents groupes horlogers élargissent au-delà de la frontière leurs campagnes de recrutement, sous des formes classiques (annonces sur Internet et dans la presse franc-comtoise) ou plus originales, comme la journée portes ouvertes mensuelle de TAG-Heuer à La Chaux-de-Fonds, dans l’usine de Chevenez, à l’intention des candidats à l’embauche, Suisses ou Français. « Elle leur permet de se rendre compte de l’atmosphère particulière de travail – en silence, assez statique –, de passer un mini-entretien préalable de motivation et un petit test de dextérité. Nous ne posons aucun critère d’âge ni de qualification initiale ; nous nous chargeons de la formation », décrit Isabelle Castellini, DRH. Le salaire reste le meilleur argument, reconnaît-elle. L’embauche dans l’horlogerie suisse s’opère autour de 2 700 euros brut et la rémunération médiane atteint 4 200 euros. « À ces niveaux, les 35 heures françaises ne pèsent pas lourd face aux 40 ou 42 heures en Suisse », confirme un syndicaliste franc-comtois.

Ne pénaliser aucun des marchés du travail

Employeurs et pouvoirs publics franc-comtois ont un temps hésité à se féliciter d’une opportunité massive pour les demandeurs d’emploi (le chômage frôle les 12 % dans la zone de Belfort-Montbéliard) ou à déplorer la fuite de compétences pointues en mécanique. « On ne pouvait en rester là. Nous avons pris contact avec les groupes suisses pour trouver bien en amont un mode opératoire intelligent qui ne pénalise aucun des marchés du travail. Dans les faits, ces entreprises ont une attitude tout à fait correcte », souligne Denis Sommer, vice-président économie de la région.

Du fait du nombre d’emplois en jeu, le dialogue le plus dense s’est noué avec Swatch, pour sa nouvelle usine à Boncourt. Un comité de pilotage réunit depuis deux ans direction et équipes RH de l’horloger, la région et son agence de développement, la Direccte, Pôle emploi et l’UIMM. L’initiative a généré une série de nouvelles formations : « D’une part, des cursus Afpi, Afpa et Greta à destination des demandeurs d’emploi pour les besoins de court terme, d’autre part, un CAP d’horlogerie à l’initiative de la région pour la réponse à un développement que l’on sait durable dans le temps », souligne Denis Sommer.

Auteur

  • CHRISTIAN ROBISCHON