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La métallurgie bichonne ses seniors en Midi-Pyrénées

Pratiques | publié le : 12.02.2013 | CATHERINE SANSON-STERN

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La métallurgie bichonne ses seniors en Midi-Pyrénées

Crédit photo CATHERINE SANSON-STERN

En 2012, l’UIMM Midi-Pyrénées, la Direccte 31 et les syndicats de salariés de la branche se sont penchés sur l’emploi des salariés âgés. Leurs travaux ont abouti à la création d’un outil destiné à recueillir les bonnes pratiques et à développer le dialogue social dans ce domaine.

L’approche paritaire de la branche métallurgie porte ses fruits. Dernier en date, un outil pour les seniors, suite au choix des partenaires sociaux de Midi-Pyrénées, début 2012, de traiter le thème “seniors et emploi”. L’objectif ? Aider les PME de la branche à recruter ou à conserver des salariés “âgés”, en agissant sur deux aspects : l’emploi et la formation d’une part ; les conditions de travail et la pénibilité d’autre part. « Nous étions en avance, car on ne parlait pas encore du contrat de génération », se félicite Isabelle Puyau, directrice adjointe emploi-formation à l’UIMM Midi-Pyrénées.

Lancée en 2006 par l’unité territoriale de la Haute-Garonne de la Direccte Midi-Pyrénées, la démarche répond aux demandes de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM), qui était confrontée à des difficultés de recrutement, et à celles d’organisations syndicales (1) désireuses d’intervenir sur l’amélioration des conditions de travail. Menés en commun, les travaux se sont concrétisés par la création d’une cellule de reclassement inter-entreprises, d’un guide sur les risques chimiques, d’un progiciel sur le handicap, d’un outil de GPEC appelé “RH Project”.

Au cours de l’année dernière, le service emploi-formation de la chambre syndicale régionale et la Direccte UT 31, avec l’appui du cabinet Magellis, ont développé un outil spécifique, accessible sur Internet (2). Les entreprises peuvent s’y informer sur la thématique seniors, mais aussi s’auto-évaluer sur ce qu’elles ont déjà mis en œuvre via leur accord seniors. Un troisième volet les guide dans la mise en place d’actions pour les trois ans à venir, dans le cadre du contrat de génération.

La première étape a consisté à bâtir un questionnaire afin de recueillir les bonnes pratiques des entreprises de la branche en Haute-Garonne depuis la loi de 2009 sur l’emploi des seniors. Il a été développé à partir des réponses d’une dizaine de PME. Alcoa France (50 salariés, dont un tiers de seniors), spécialisée dans le laminage de l’aluminium et installée à Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), y a participé à l’été 2012. « Nous avons d’abord défini les axes prioritaires mis en place dans notre accord seniors, centré sur le tutorat, la transmission de savoir et l’accès à la formation, explique Brigitte Picco Darmigny, la responsable des ressources humaines. Puis nous avons complété le questionnaire en fonction de ces axes et des actions mises en œuvre – par exemple les entretiens de seconde partie de carrière dès 45 ans –, de notre vision de l’emploi des seniors et de la façon dont cela pouvait aider les orientations futures. »

Recueil de compétences

Ressource précieuse car détentrice du savoir-faire de l’entreprise, les salariés âgés d’Alcoa forment les nouveaux embauchés et les intérimaires (ils sont dix). « Dans notre métier, il faut au moins dix-huit mois de formation, souligne la RRH. Plus on est âgé, plus on est performant. Les seniors ont un bon niveau d’expertise sur l’aluminium et ses défauts, car ils ont rencontré beaucoup de problèmes et appris à les solutionner. » Ce sont leurs retours d’expérience qui ont permis de construire un recueil de compétences, devenu support de formation.

Vision élargie des pratiques

L’enquête a ensuite été élargie aux entreprises membres de l’UIMM Midi-Pyrénées. Une centaine de réponses sont remontées, qui ont aidé à analyser les leviers d’action ainsi que les freins à l’emploi des seniors. « L’étude a permis de constater que, pour plusieurs entreprises, il était difficile d’avoir une vision élargie des pratiques, indique Jérémie Gineste, chargé de mission à l’UIMM Midi-Pyrénées. Ces éléments de réflexion ont nourri le questionnaire, qui a également été soumis à l’Action régionale pour l’amélioration des conditions de travail en Midi-Pyrénées (Midact). Le cabinet Magellis nous a accompagnés dans la création et la valorisation de cet outil, qui reprend les pratiques recueillies. »

La partie diagnostic permet également de bénéficier de ces retours d’expérience, dont certains ont été présentés lors d’un colloque organisé par la branche le 12 décembre 2012. Parmi ceux-ci, la mise en place d’un entretien de seconde partie de carrière en 2010 chez Athos Aéronautique (180 personnes dont 35 seniors), la transmission des savoirs chez Alcoa France, un campus de formation interne chez le spécialiste du déploiement de réseaux Scopelec qui a favorisé la bascule d’une centaine de seniors sur des tâches d’expertise et de tutorat, ou encore les processus “expertise-transfert” (baptisés “ex-tra”) chez Airbus, qui donnent aux salariés âgés l’opportunité de transmettre leurs connaissances avant leur départ à la retraite.

« Nous avons la volonté d’intégrer les deux approches : maintien dans l’emploi-formation et conditions de travail, insiste Jean-François Labaquère, ingénieur environnement sécurité à l’UIMM Midi-Pyrénées. Le volet conditions de travail permet aux entreprises de se positionner par rapport aux lois sur la pénibilité. » Alcoa réfléchit ainsi à la gestion et au transfert des compétences de ses seniors intégrés dans son dispositif GPEC en tenant compte des problématiques de production : « Nous sommes en régime 3 x 8 et il faut que nous puissions basculer progressivement les seniors sur la journée ou sur un rythme 2 x 8 afin de prévenir la pénibilité au poste de travail, explique Brigitte Picco Darmigny. Mais cela implique d’avoir des effectifs suffisants. »

Présenté en avant-première lors du colloque, l’outil seniors continue d’évoluer pour répondre aux exigences du contrat de génération voté le 23 janvier à l’Assemblée nationale. « Notre objectif est de toucher une centaine de PME de la branche en 2013, de les sensibiliser et de les accompagner sur ce thème des seniors », conclut Isabelle Puyau.

(1) CGT, CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT-FO.

(2) Sur le site <www.actions-seniors.org>.

L’ESSENTIEL

1 Les partenaires sociaux de la métallurgie en Midi-Pyrénées travaillent ensemble depuis 2006 pour améliorer l’emploi et les conditions de travail dans le secteur.

2 En 2012, ils ont retenu le thème « seniors et emploi » afin d’aider les PME à recruter ou à maintenir des salariés âgés.

3 La démarche a abouti à la création d’un outil qui permet aux entreprises d’évaluer les actions déjà mises en place et de préparer celles à venir.

Le secteur et la région peuvent mieux faire

En Midi-Pyrénées, la métallurgie regroupe 1 700 entreprises qui emploient 80 000 salariés (45 % travaillent dans l’aéronautique et 50 % dans des entreprises de plus de 500 salariés). Le secteur compte 8 % de salariés âgés de 55 à 59 ans (la moyenne nationale de l’UIMM s’élevant à 11 %) et 1 % de salariés âgés de 60 à 64 ans, comme au niveau hexagonal (source DADS et UIMM).

Tous secteurs confondus, le taux d’emploi des 55-64 ans en Midi-Pyrénées est passé de 33,9 % en 1999 à 39,2 % en 2009 (la moyenne nationale étant de 38,5 %). En 2010, selon l’Insee, la région se situait au troisième rang derrière l’Ile-de-France et Rhône-Alpes pour le taux d’emploi des seniors. Mais, selon la Direccte, la région comptait, au 31 mars 2012, 44 700 chômeurs âgés de plus de 50 ans, soit une hausse de 17,2 % en un an. Cette classe d’âge représente désormais 21,1 % des demandeurs d’emploi, comme au niveau national.

Auteur

  • CATHERINE SANSON-STERN