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Davantage de confort mais… plus de temps de transport

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 12.02.2013 | ROZENN LE SAINT

Amorcé fin 2007, le regroupement des 12 sites de la région parisienne à Villejuif est achevé depuis six mois. Si les 3 200 salariés franciliens de l’ancien Crédit lyonnais ont considérablement allongé leur temps de transport, ils ont par ailleurs gagné en confort.

Changement de lieu, changement de style au siège social de LCL. Entre l’Hôtel des Italiens situé à deux pas de l’Opéra Garnier, à Paris, et les cinq immeubles flambant neufs de Villejuif (Val-de-Marne), rien à voir. La banque a conservé le prestigieux bâtiment achevé en 1913, mais a déplacé son siège social de l’autre côté du périphérique. Loin des frasques qui ont touché le Crédit lyonnais dans les années 1990, la banque a intégré le groupe Crédit agricole en 2004 et a été rebaptisée LCL.

« Nous constituions une nouvelle marque, il nous fallait un nouveau siège », résume Christian Bouvet, actuel secrétaire général de la banque. En 2007, alors qu’il occupe la fonction de directeur des relations sociales, il prend la barre du changement de cap. Le but ? Regrouper les 12 entités réparties en Ile-de-France sur un seul lieu de travail, et réaliser des économies, dans le cadre du plan de réorganisation Crescendo 2.

Impossible d’établir 70 000 m2 de bureaux au cœur de Paris. Le comité en charge du projet jette donc son dévolu sur Villejuif, au grand dam des salariés. « Auparavant, comme le quartier de l’Opéra est central, les temps de transport étaient à peu près égaux d’où que l’on vienne en banlieue. Cela n’est plus le cas », témoigne Jean-Jacques Guiberteau, du Syndicat national de la banque et du crédit (SNB), majoritaire à LCL, juste devant la CFDT. Le représentant de cette dernière, Philippe Salomé, déplore que « les salariés [aient] payé la volonté de la direction de réduire les coûts. Certains ont augmenté leur temps de transport de trois heures par jour et à peine un salarié sur cinq l’a diminué. » Il estime à environ 50 millions d’euros les coûts de fonctionnement annuels économisés depuis le déménagement, même si l’investissement dans l’acquisition de cinq bâtiments à Villejuif s’est élevé à 11 millions d’euros.

Primes compensatrices

Pour sa défense, le secrétaire général souligne : « Il était important de nous implanter au cœur de la ville, sur un territoire de mixité sociale. Cela évite les problèmes d’engorgement dans les transports aux heures de sorties de bureaux, propres aux quartiers d’affaires. » Et, en lot de consolation, au terme de 13 réunions, les syndicats ont obtenu de la direction des primes compensatrices de transfert liées à l’allongement des temps de trajet, des indemnités forfaitaires en fonction du surcoût de frais de transport, d’autres aux frais de garde, une aide à l’acquisition d’un nouveau véhicule et une autre au changement de résidence principale. En revanche, les salariés n’ont pas eu leur mot à dire sur la genèse du projet en lui-même, si ce n’est sur le nom des cinq nouveaux bâtiments : Loire, Garonne, Rhin, Rhône et Seine. Cette proposition des cinq fleuves français ressortie d’un concours interne a reçu l’approbation de la direction. Et pour cause, ils représentent parfaitement la nouvelle stratégie de la banque : se recentrer sur le marché hexagonal.

Déplacements et communication facilités

Les cinq immeubles sont reliés par des passerelles qui facilitent les déplacements et la communication entre les différents services. C’était aussi le but du regroupement des effectifs, et il est atteint. Les bureaux sont organisés en une succession d’open spaces à taille humaine séparés par des vitres, de nombreuses salles de réunion, cafétérias et autres espaces collectifs. « 44 réunions avec le CHSCT ont eu lieu. Il souhaitait que les salariés soient installés près des fenêtres, nous l’avons écouté », rappelle Christian Bouvet.

Le cadre esthétique s’avère agréable : courbes modernes, couloirs couleur crème et miroirs côtoient des patios aux murs rouges et un amphithéâtre composé de sièges multicolores. Jean-Jacques Guiberteau l’admet, « les édifices du quartier Opéra étaient vétustes, les salariés ont gagné en confort ». « Les bâtiments haute qualité environnementale sont agréables, les salariés ne se sentent pas lésés à ce niveau-là, concède à son tour Philippe Salomé. Mais, avant le déménagement, les employés disposaient de 10 m2 par personne, maintenant, l’espace est réduit à 7 m2. »

L’édifice Seine a fait office de bâtiment test. Les 700 premiers salariés y ont migré fin 2008, avant que les autres les rejoignent au fur et à mesure, jusqu’à la mi-2012. « Nous avons essuyé les plâtres et indiqué les réajustements à effectuer », témoigne Jean-Jacques Guiberteau. Par exemple, les zones collectives séparant les différents open spaces étaient sous-occupées. « Les collaborateurs avaient du mal à s’approprier ces espaces, à s’installer dans des fauteuils autour de tables basses pour travailler. Nous avons changé le mobilier », indique le secrétaire général de LCL.

La répartition des services a aussi été un vrai casse-tête. Finalement, les salariés travaillant le samedi ont été regroupés dans le même bâtiment et les derniers étages sont généralement destinés aux services plus confidentiels, liés à la gestion des contentieux, par exemple. Et pour faire passer la pilule du déménagement, les salariés ont hérité de salles de sport, avec des équipements de musculation tout neufs. La crèche d’entreprise a été transférée et un centre médical avec 12 médecins généralistes et spécialistes a été implanté. Pas de quoi faire taire les critiques de Philippe Salomé : « Tout cela, nous l’avions déjà à Opéra. »

Auteur

  • ROZENN LE SAINT