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Enquête

UN TRAVAIL EN RÉSEAU POUR ÉLABORER LES FICHES D’EXPOSITION

Enquête | publié le : 12.02.2013 | MARIETTE KAMMERER

Signataire d’un accord, le fabricant de câbles travaille de manière collégiale pour prévenir la pénibilité.

Nexans France, qui emploie 2 900 salariés pour la fabrication de câbles destinés, entre autres, à l’aéronautique, au ferroviaire et à la grande distribution, a conclu un accord sur la prévention de la pénibilité en juillet 2012, signé par trois syndicats sur quatre.

« Nous n’avions pas attendu la loi pour engager une démarche de prévention et d’anticipation, indique Claude-Marie Baey, responsable du développement social, et cet accord s’inscrit dans son prolongement. » L’entreprise, concernée par neuf des dix facteurs de pénibilité prévus par la loi, avait notamment pris des mesures de prévention des accidents du travail et d’aménagement des postes de travail. « Les négociations ont été l’occasion de faire le point sur ces actions et d’impliquer tout le monde dans la démarche. »

En amont des négociations, la direction a mis en place un groupe de travail composé des RRH, des responsables QHSE (qualité, hygiène, sécurité, environnement), des CHSCT et des infirmières pour identifier le nombre de salariés exposés à la pénibilité dans chaque usine. « Ils ont estimé à 54 % la part de salariés exposés, ajoute-t-elle. De toute façon, on s’était engagé à négocier même en deçà de 50 %. »

Les facteurs de pénibilité sont notamment liés à la manutention avec ports de charges, au travail de nuit, à la manipulation de produits chimiques. La pyramide des âges étant vieillissante – un tiers des salariés sont seniors –, il en résulte des problèmes de TMS, des absences de longue durée et des personnes en invalidité. Pour limiter les postures pénibles et les TMS, l’ergonomie des postes de travail sera prise en compte lors de l’achat de machines neuves, par exemple.

Mécanisation et équipements individuels

L’accord prévoit également des mesures de prévention comme la mécanisation de certaines tâches de manutention, l’utilisation d’appareils de levage et de tables élévatrices. Le texte ne comporte néanmoins aucun objectif chiffré sur le nombre de postes à aménager ou sur le budget à y consacrer. Des équipements individuels sont prévus pour le bruit et les températures extrêmes.

S’agissant des aménagements de fin de carrière, l’accord propose des passages en horaires de jour « si l’organisation du travail le permet », ou à temps partiel, et prévoit, pour les salariés postés, un jour de congé supplémentaire par an à partir de l’âge de 55 ans et deux jours à partir de 60 ans.

« Un jour par an, c’est se moquer du monde, dénonce Didier Laurent, négociateur CFDT et non signataire. À 55 ans, les gens sont cassés. Il aurait fallu plus de mesures de réparation ; on avait demandé un mi-temps payé 80 % pour les seniors, mais cela a été refusé, et on sait que le passage en poste de jour n’est pas possible pour tous ceux qui le demandent. » Nexans a entrepris, comme l’exige la loi, d’élaborer les fiches individuelles d’exposition. « Cette cartographie précise des facteurs de risques selon les sites. Elle nous aidera justement à identifier les postes les moins pénibles ou pouvant être aménagés pour les seniors ou pour une personne en retour d’accident du travail », indique Claude-Marie Baey.

Un même modèle de fiche pour tous les sites

Ce long travail sur les fiches d’exposition est réalisé de manière collégiale par le RRH, le responsable QHSE, l’infirmier et le CHSCT. Par souci de cohérence, le même modèle de fiche (figurant dans le décret) sera utilisé pour tous les sites de l’entreprise. La loi n’exige pas qu’elles retracent les expositions antérieures au 1er janvier 2012. Néanmoins, la direction s’est engagée à reconstituer cette antériorité pour les salariés à 10 % d’invalidité, éligibles à un départ anticipé à 60 ans pour pénibilité. « Nous avions demandé que cela figure dans l’accord, et c’est une des raisons pour lesquelles nous l’avons signé, explique Félix Pétrignani, négociateur CGT. L’autre condition était que les CHSCT soient associés à la démarche. »

Les CHSCT des 14 établissements et un représentant de chaque syndicat sont en effet associés à l’observatoire de la pénibilité, qui se réunit une fois par an pour suivre onze indicateurs liés à la pénibilité (accidents du travail, maladies professionnelles…). « Lors de la première réunion, les CHSCT ont pointé certains problèmes récurrents et des lacunes dans les fiches d’exposition. Cela a produit son effet, puisque la direction a ensuite réuni les directeurs de sites sur ces questions », ajoute le représentant CGT. « L’accord favorise un travail en réseau sur ce sujet, et des échanges entre les responsables hygiène et sécurité, les RH, les infirmières et les CHSCT des différents sites », confirme Claude-Marie Baey.

NEXANS

• Activité : fabrication de câbles.

• Effectifs : 2949 salariés en France.

• Chiffre d’affaires 2011 : 6,9 milliards d’euros pour le groupe, dont 1 milliard d’euros en France.

Auteur

  • MARIETTE KAMMERER