Avec 41 % de salariés exposés à au moins un facteur de pénibilité, Carrefour Market n’avait aucune obligation de négocier sur ce thème. L’enseigne de supermarchés du groupe Carrefour a toutefois choisi d’inclure un volet prévention de la pénibilité dans son troisième accord sur la santé au travail signé le 29 juin 2012 par les cinq syndicats représentatifs.

« Chez Carrefour Market, il faut signer un accord pour être autorisé à participer aux commissions de suivi, tempère Fatiha Chalal, déléguée centrale CGT. Nous avons donc signé pour faire vivre ce texte. »

« Nous aurions préféré que cet accord comporte un volet “compensation de la pénibilité”, ajoute Jean-Marc Robin, délégué central USC-FO. La question sera probablement abordée lors de la négociation sur le contrat de génération. En attendant, il faut reconnaître que Carrefour Market a fait de véritables efforts de prévention. »

Neuf actions de prévention sont ainsi mises en place, associées à un objectif chiffré et à des indicateurs de suivi. Le premier engagement s’inscrit dans le cadre des actions “d’adaptation et d’aménagement des postes de travail” : tous les magasins devront être équipés de tables de mise en rayon à fond levant avant le 31 décembre 2014.

Les huit autres engagements relèvent davantage de l’amélioration des conditions de travail : dorénavant, tous les nouveaux mobiliers devront faire l’objet d’une étude ergonomique ou d’une collaboration avec un ingénieur de la Carsat ou un médecin du travail. Un groupe de travail sur les activités en hauteur va être constitué : il se réunira quatre fois par an pour étudier les mesures à prendre afin de réduire les postures pénibles et la manutention de charges en hauteur. La direction s’engage également à veiller à la qualité, à l’efficacité et à la disponibilité en magasin des matériels et équipements de protection : chaussures de sécurité, coques, tenues protégeant du froid, cutters sécurisés, etc. Chaque magasin devra être doté d’au moins un transpalette électrique à grande levée et de cinq tire-palettes manuels.

Les personnels de caisse se verront remettre une plaquette d’information sur les bonnes pratiques ergonomiques : réglage des sièges, maniement de la douchette, utilisation d’un repose-pieds, alternance de poste de caisse orienté à droite et à gauche, etc. De plus, au moins 2 000 salariés bénéficieront chaque année d’une formation « gestes et postures ». Chaque magasin sera doté d’au moins cinq plates-formes sécurisées. Enfin, des plans d’action seront mis en œuvre pour améliorer l’ambiance thermique et s’assurer que la température de la surface de vente se rapproche de 16 °C. « Cet accord donne un cadre d’action cohérent à l’ensemble des sites, apprécie Philip Conrozier, délégué central CFE-CGC. Reste à le mettre en œuvre sur le terrain. » Or, « la bonne volonté affichée au plan national n’est pas toujours suivie d’effet en magasin, commente Fatiha Chalal. Les directions régionales et leurs DRH n’ont pas toujours envie de faire vivre les accords. »

La commission de suivi promet d’être vigilante : « Si l’accord perd de sa substance lors de son déploiement, si chaque magasin l’interprète à sa façon, les partenaires sociaux ne le signeront certainement plus à l’unanimité lors de son renouvellement, dans trois ans », prévient Philip Conrozier.

• Activité : grande distribution.

• Effectif : 30 000 collaborateurs dans 1 000 points de vente.

• Chiffre d’affaires 2011 : 12,5 milliards d’euros.