Les Opca lancent de plus en plus souvent des politiques auprès de leurs entreprises adhérentes pour les aider à mieux remplir leur obligation d’emploi de travailleurs handicapés. Pourquoi ? « Ilfaut apporter des réponses concrètes aux préoccupations des entreprises et des partenaires sociaux », justifie Yves Georgelin, délégué général de l’Opca du commerce, le Forco. Comme nombre de collecteurs de fonds de la formation professionnelle, il développe de plus en plus de services pour ses 44 746 entreprises adhérentes (1 021 689 salariés) en dehors de la seule sphère naturelle d’intervention qu’est le financement de la formation, et les projets sont multiples. « Plus de 5 100 entreprises de plus de 20 salariés adhérentes du Forco sont directement concernées par l’obligation d’emploi de 6 % de travailleurs handicapés », précise le directeur.

Parce que « la formation est un levier d’intégration des personnes handicapées », assure Catherine Brun, responsable formation et développement intérimaires à Start People, société de travail temporaire, lauréate des trophées de l’insertion des salariés handicapés décernés fin 2012 par la FAF.TT.

Parce qu’il faut « sensibiliser les collaborateurs à tout type de handicap, intégrer des salariés handicapés ou les maintenir dans leur emploi, préparer la négociation annuelle sur ce thème, ou accompagner un stagiaire handicapé en préparation opérationnelle à l’emploi (POE) avant son recrutement en contrat de professionnalisation », précise Elsa Géroult, coordinatrice nationale handicap d’Opcalia, qui déploie nationalement un nouvel outil.

Ces affirmations sont soutenues par les différents bilans et les expérimentations menées par ces trois Opca, parfois depuis des années. Ainsi, du côté du Forco, les résultats des préparations opérationnelles à l’emploi collectives pour personnes handicapées, conduites en 2012 dans le Nord-Pas-de-Calais et en Picardie, pourraient montrer ce que seront ses futurs montages.

Une première POEC, construite avec les Cap emploi et financé par l’Agefiph, a permis de sélectionner et de former au métier de vendeur magasin 11 demandeurs d’emploi handicapés, en amont d’un contrat en alternance. Ils ont suivi 175 heures en centre de formation et 70 heures d’application en entreprise. Bilan, selon Yves Georgelin : « Plus de 80 % d’entre eux sont insérés dans l’emploi – six en contrat de professionnalisation d’une durée supérieure à douze mois, trois CDD de six mois, un CDI et un intérim de trois mois. Un a abandonné, un autre est en recherche d’emploi. »

Une autre POEC préalternance (construite avec Promotrans, Cap emploi et l’Agefiph) a sélectionné 11 demandeurs d’emploi handicapés pour une formation de remise à niveau de 70 heures avant d’intégrer une formation diplômante d’agent logistique en contrat de professionnalisation.

Bilan, selon Josselin Scaviner, chargé de mission de l’Opca : « Plus de 70 % d’entre eux sont insérés dans l’emploi, car 8 personnes sont en contrat de professionnalisation supérieur à douze mois. Trois autres sont en recherche d’emploi, deux mois après la fin de la formation. »

Conséquence de ces bilans jugés satisfaisants par l’Opca : en 2013, des opérations similaires seront menées auprès de chômeurs handicapés pour des fonctions de téléconseillers de vente, hôtesses de caisse, vendeur magasin, préparateur de commandes.

Du côté d’Opcalia, l’expérimentation terminée à l’automne dernier avec le nouvel outil ThandemV2 est jugée concluante. « Cet outil permet de faire du sur mesure, de s’adapter à chaque demande, différente en fonction du handicap et du niveau d’information de la personne que nous formons », constate Virginie Dréano, formatrice au sein de Performance handicap, l’un des organismes de formation partenaires labellisés par Opcalia.

Cette formatrice témoigne notamment de l’accompagnement sensible d’un tuteur chargé du suivi en contrat de professionnalisation d’un salarié dont le handicap est non visible. « La difficulté est double : le tuteur, responsable de l’équipe entretien/embellissement des espaces verts d’un complexe hôtelier situé en Bretagne, a l’expérience du tutorat mais pas du handicap, explique-t-elle. De surcroît, il ne connaît pas le handicap du salarié recruté. Il doit l’intégrer à son équipe avec pour seule consigne : ne pas lui confier de matériel dangereux. D’où tout l’intérêt de l’aide pédagogique prévue par Thandem V2. »

Le tuteur en question semble avoir particulièrement apprécié ce soutien : « J’ai progressivement compris qu’il fallait éviter à ce salarié handicapé toute situation de stress, confie-t-il. Ce qui va m’être utile pour l’épauler à la fin de sa période d’essai, au moment des examens, ou pour surmonter des situations personnelles délicates. Pouvoir se confier à sa formatrice, toutes les trois semaines de suivi sur son lieu de travail, est rassurant. Cela permet de prendre du recul, de réinterroger ses pratiques de chef d’équipe et de tuteur, et d’échanger davantage. Je me sens plus concerné par la question du handicap grâce à cette première expérience que je souhaite renouveler. »

Enfin, du côté du FAF.TT, on se réjouit d’un bilan de 1266 intérimaires handicapés formés depuis 2007, date à laquelle l’Opca a conclu un partenariat avec l’Agefiph afin de développer l’accès à l’emploi des personnes handicapées grâce aux dispositifs de la professionnalisation.

Neuf délégations régionales Agefiph sont aujourd’hui associées à ce partenariat, qui a notamment débouché sur la création d’une mission handicap dédiée à l’accompagnement des agences d’emploi et des partenaires territoriaux. En 2012, 300 personnes handicapées ont intégré des parcours de professionnalisation (CIPI, CDPI et contrat de professionnalisation), correspondant à plus de 66 685 heures de formation. Les stagiaires reconnus travailleurs handicapés, âgés en moyenne de 38 ans, possèdent pour les deux tiers un niveau V ou infra V.

Forts de ces bilans, ces Opca et les partenaires sociaux qui les animent tiennent le même discours : ils comptent poursuivre leurs efforts en 2013 et dans les années à venir. « En conséquence des bons résultats, en 2012, de nos expérimentations de préparations opérationnelles à l’emploi collectives pour travailleurs handicapés, un plan d’action national de formation handicap inter-entreprises débouchant sur un prérecrutement et une préalternance sera décliné en 2013, régionalement et via les branches et les fédérations », assure le délégué général du Forco, Yves Georgelin.

« Opcalia vient de labelliser un réseau de 79 formateurs pour assurer le déploiement de Thandem V2 au niveau national », précise Elsa Géroult, coordinatrice nationale handicap d’Opcalia. Quant au FAF.TT, il envisage de déployer des services de proximité en renforçant son intervention sur les territoires en lien avec les acteurs de l’emploi en régions. Une initiative saluée par l’Agefiph : « Notre association et le FAF.TT mettent en commun leurs savoir-faire et leurs ressources : on ne peut que se féliciter de l’évolution de ce partenariat, assure Sandrine Roy, de la direction des grands comptes à l’Agefiph. En matière d’emploi des personnes handicapées, la réussite passe nécessairement par la coopération et la mutualisation des intelligences, des compétences, des expériences et des moyens. »

1 Depuis des années, plusieurs Opca ont élargi leur palette de services auprès de leurs entreprises adhérentes au-delà de la gestion de la formation : l’aide à la politique handicap en est un exemple.

2 Les formules de POE collectives, permettant une préformation et un prérecrutement de salariés handicapés, semblent particulièrement satisfaisantes.

3 L’insertion des personnes handicapées restant difficile, l’Agefiph salue ce type de partenariat.