logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Pratiques

LA SANTÉ-SÉCURITÉ S’INSTILLE DANS LES PETITES ENTREPRISES DU BTP

Pratiques | publié le : 29.01.2013 | C. R.

En Alsace, un chantier expérimental de maisons individuelles a identifié les améliorations possibles et les réticences persistantes en matière d’hygiène, de manutention ou de prévention des chutes.

Ce n’est un secret pour personne, le BTP constitue l’un des principaux secteurs “à risque” en matière de santé-sécurité au travail, et ses très petites entreprises (TPE) en sont le maillon faible. Plutôt que de chercher en vain à faire respecter la réglementation dans toute sa plénitude, les préventeurs alsaciens souhaitent susciter de bonnes pratiques. Tel a été l’objectif du “lotissement expérimental” de vingt maisons à Kilstett (Bas-Rhin), dont les initiateurs, l’Observatoire régional paritaire de la santé au travail (ORST) et la Carsat Alsace-Moselle, ont présenté le bilan en fin d’année dernière.

Des habitudes ancrées

Un cahier des charges a dressé, à l’usage des entreprises constructrices, une liste de conseils pour la prévention des chutes de hauteur, la manutention de charges lourdes, l’hygiène-propreté et l’environnement/gestion des déchets. Durant le chantier, un ergonome et un animateur-prévention indépendants des entreprises ont observé les pratiques et incité à l’application des conseils.

Le bilan fait alterner le bon et le moins bon. « L’opération a été appelée à dessein “lotissement expérimental” et non lotissement exemplaire, car nous nous doutions qu’elle ne serait pas un modèle parfait : on essaie de faire bouger des habitudes très ancrées », relève Jacques Balzer, ingénieur-conseil à la Carsat.

Parmi les points positifs, l’installation d’une “zone vie” collective avec blocs sanitaires, toutefois sous-utilisée, a bien réglé la question de l’hygiène-propreté, de même que le branchement d’une prise d’accès à l’eau potable sur chaque parcelle – alors que d’ordinaire, il n’y en a qu’une seule en entrée de lotissement. Et la voirie bitumée dès le début du chantier a évité les risques routiers.

En revanche, la prévention des chutes s’est heurtée à un « déni du risque », selon l’expression de l’ergonome, Jean-Marie Francescon : cette attitude amène des corps de métier – les charpentiers-menuisiers en premier lieu – à jouer volontairement les acrobates. D’où des travaux sans protection sur le toit, ou l’impasse faite par endroits sur des passerelles et des échafaudages. Par chance, le chantier s’est terminé sans accident.

Autre conclusion : les nouvelles normes de qualité environnementale posent des défis de santé et de sécurité. Ainsi, les briques pour le BBC (bâtiment basse consommation) sont de plus en plus lourdes au point de nécessiter des petites grues de manutention… que les entreprises rechignent à acquérir. Pour les y inciter, la Carsat d’Alsace-Moselle subventionne 30 % de leur coût à partir de janvier sur certains chantiers.

L’opération a représenté un budget de 100 000 euros, jugé raisonnable par le Snal, le syndicat professionnel des lotisseurs. Il a été pris en charge par la Carsat. Les points positifs l’emportent au global. « Le chantier a, pour la première fois, appliqué à la maison individuelle des exigences rencontrées pour la construction de logement collectif », souligne pour s’en réjouir l’entreprise de peinture Kleinmann.

La Carsat et ses partenaires, dont l’OPPBTP, ont jugé pertinent de reproduire l’expérience. Un second chantier démarre sur un lotissement d’ampleur comparable à Houssen (Haut-Rhin).

Auteur

  • C. R.