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La longue marche contre le temps partiel subi

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 29.01.2013 | MARTINE ROSSARD

Depuis quatre ans, les supermarchés Simply Market favorisent le temps complet et le temps partiel choisi, en contrepartie d’une flexibilité accrue des horaires et des tâches. La proportion de salariés à temps partiel est passée de 27 % à 19 %.

Atac, devenu aujourd’hui Simply Market, avait, dès 2008, pris l’engagement de limiter les contrats à temps partiel dans ses magasins en le réservant aux volontaires. « Cette évolution n’est envisageable que dans le cadre d’une polycompétence choisie », indiquaient la direction et les cinq syndicats de l’enseigne dans leur “accord de contrat social”. Le passage à 30 heures (payées 31,50 avec les pauses) impliquait l’acceptation d’une certaine flexibilité sous forme d’une modulation de plus ou moins quatre heures par semaine et l’exercice d’un second métier.

Le passage à temps complet pour ceux qui effectuaient déjà 30 heures hebdomadaires nécessitait la polycompétence et l’annualisation du temps de travail, prévue par un précédent accord RTT. Les caissières, indispensables en nombre lors des pics de fréquentation des magasins en soirée et le week-end, peuvent donc accéder à des heures complémentaires ou à un temps complet sous réserve d’aller travailler en rayon.

Le temps partiel “choisi” a, lui, été mis en œuvre pour les étudiants et par divers accords. Notamment par l’accord seniors de 2009, qui favorise une réduction de moitié du temps de travail avec paiement à 75 % du salaire antérieur pour les plus de 60 ans ayant quinze ans d’ancienneté. Et l’accord égalité hommes-femmes de 2011, qui autorise une réduction choisie du temps annuel de travail par la prise de congés pendant les vacances scolaires pour les salariés aux 35 heures, si l’organisation du travail dans le magasin le permet.

Convaincre les chefs d’établissement

Direction et syndicats affichent aujourd’hui leur satisfaction quant à l’application des accords. « Nous souhaitions répondre à une situation sociale difficile pour les salariés en temps partiel subi, leur permettre d’augmenter leur temps de travail et leurs revenus, et les stabiliser dans leur emploi », déclare Philippe Grandel, DRH de Simply Market (13 500 salariés dans 265 magasins intégrés). « Nous sommes passés de 27 % de salariés à temps partiel à 19 %, y compris le temps partiel choisi, et nous avons eu de très bons retours sur ce sujet dans notre dernier baromètre social », ajoute-t-il. La directrice des affaires sociales, Anne Roccasalva, ne cache pas qu’il a fallu du temps pour convaincre les directeurs d’établissement, lesquels ont finalement trouvé des avantages à la fidélisation de leur personnel et à l’absence de paiement d’heures complémentaires majorées.

La CGT et la CFTC rappellent qu’il s’agissait d’une vieille revendication des syndicats, unanimes face aux situations difficiles vécues par les salariés, en majorité mères célibataires. Corinne Gabard, déléguée centrale CGT de Simply Market, était elle-même dans ce cas avec un enfant en bas âge. « Embauchée à 20 heures par semaine puis passée à 22 heures, 24 heures et 26 heures, je suis maintenant à temps plein avec un double métier, une solution acceptée par 90 % des collègues concernées », confie-t-elle.

Des réticences à travailler le dimanche ou à assumer un travail en rayon « plus physique » expliqueraient les refus. « Des collaborateurs veulent garder des horaires fixes », ajoute Patrick Ertz, délégué syndical central CFTC. Mais ce militant, par ailleurs président de la Fédération commerce CFTC, se déclare « agréablement surpris par la volonté forte de la direction de développer le temps complet face à des responsables de magasins peu favorables ».

15 % de temps partiel contraint

Un graphique de la direction montre une baisse radicale du temps partiel dans les deux ans ayant suivi l’accord de 2008. Et un taux de 15 % seulement de temps partiel contraint. Le graphique a été présenté lors de la Conférence de progrès sur le temps partiel organisée en novembre 2012 par le gouvernement. Pour illustrer les bonnes pratiques…

TEMPS DE TRAVAIL DE 25 HEURES MINIMUM DANS LA BRANCHE

L’accord national interprofessionnel sur la sécurisation de l’emploi du 11 janvier prévoit une durée minimale de travail de 24 heures par semaine, sauf demande écrite et motivée du salarié. Mais, dès 2008, la Fédération du commerce et de la distribution signait, avec la seule CFDT, un accord sur le temps de travail pour la grande distribution à dominante alimentaire. Ce texte garantissait une durée minimale de 25 heures par semaine (sauf contrats étudiants) ou de 28 heures pour les temps partiels modulés sur l’année.

Objectif affiché : favoriser le temps complet dans une branche où 33 % de ses 650 000 salariés travaillaient à l’époque à temps partiel.

L’accord prévoit notamment des formations pour les caissières afin qu’elles tiennent un rayon.

« Cette polyactivité se traduit par l’allongement des durées de travail contractuelles et favorise l’employabilité », se félicite Renaud Giroudet, directeur des affaires sociales de la fédération, qui devrait rendre publics, en mars prochain, les résultats d’une enquête/bilan actuellement en cours.

Auteur

  • MARTINE ROSSARD