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Enquête

VAE DE l’INTÉRÊT DE JOUER COLLECTIF

Enquête | publié le : 29.01.2013 | LAURENT GÉRARD

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VAE DE l’INTÉRÊT DE JOUER COLLECTIF

Crédit photo LAURENT GÉRARD

Et si l’avenir et la réussite de la validation des acquis de l’expérience (VAE), démarche très souvent présentée comme individuelle, passaient par le collectif ? De plus en plus d’entreprises proposent une VAE à leurs salariés. Et, parmi celles qui l’ont déjà lancée, le nombre de demandes augmente.

Près de 230 000 personnes ont été certifiées par la voie de la validation des acquis de l’expérience (VAE), depuis la mise en place du dispositif en 2002. Pour la seule année 2011, 29 800 candidats ont ainsi obtenu une certification, soit près de 2 % de plus qu’en 2010.

Après une forte progression entre 2003 et 2005, ce chiffre avait connu une diminution de 7 % entre 2009 et 2010. Le nombre de candidats certifiés oscille, depuis 2007, entre 28 000 et 32 000.

La VAE concerne principalement les femmes. En 2011, elles représentaient 74 % des candidats à la VAE pour des titres et diplômes des ministères certificateurs (hors ministère de l’Enseignement supérieur). C’est deux points de moins qu’en 2010 mais, globalement, cette part a peu varié depuis 2004. La VAE concerne principalement les personnes en emploi, puisque 71 % des candidats à des certifications publiques utilisent ce moyen.

Une voie d’accès à certains diplômes

Sept certifications visées sur dix sont de niveau bac ou CAP-BEP. Et la VAE commence à représenter une voie d’accès non négligeable à certains diplômes acquis post-formation initiale. Ainsi, en 2011 comme en 2010, 11 % des diplômes de l’enseignement professionnel et technologique du ministère de l’Éducation nationale ont été obtenus par le moyen d’une VAE, comme 24 % des bacs professionnels, 6 % des CAP et 2 % des BEP.

Au ministère chargé de l’Emploi, on constate que le recours à la VAE est de plus en plus fréquent pour certains titres professionnels : 57 % des candidats au titre d’agent de fabrication industrielle en 2011, comme 43 % des candidats au titre d’assistant(e) de direction, 25 % à celui de formateur professionnel d’adultes et 21 % à celui d’assistant(e) de vie aux familles !

Les freins au développement de la VAE sont identifiés depuis longtemps : la nécessité d’une forte volonté d’aller au bout du processus, l’importance de l’accompagnement et du soutien, le stress lié à l’écriture du dossier et à la présentation orale face au jury… Dans ce contexte, un argument imparable plaide en faveur des VAE collectives initiées par les entreprises : leur taux de validation varie de 85 % à 100 % – comme le montrent les exemples cités dans les pages suivantes, ainsi que les travaux de la consultante Isabelle Cartier en 2011 sur les politiques VAE collectives de huit grands comptes (lire l’entretien p. 28) – alors qu’il est de 57 % pour l’ensemble des VAE, tous ministères certificateurs confondus (derniers chiffres Dares). Le soutien de l’entreprise, son financement d’un accompagnement renforcé (souvent avec l’aide de l’Opca), la possibilité de travailler en groupe et d’échanger… sont les atouts d’une démarche collective.

Une sécurité pour l’avenir

Autre argument mis en évidence par Vincent Merle, professeur au Conservatoire national des arts et métiers (lire l’entretien p. 28), comme par Isabelle Cartier : l’augmentation de salaire n’est pas la motivation principale des personnes engagées dans une démarche de validation des acquis de l’expérience. C’est bien davantage la reconnaissance du travail bien fait, de leur professionnalisme, et une sécurité pour l’avenir par rapport à l’épée de Damoclès du chômage, qui les guident.

« Aux dires des managers des diplômés par la VAE, précise Isabelle Cartier, les employeurs ayant mis en place une démarche collective constatent unanimement qu’il y a un avant et un après VAE, à savoir une remobilisation indéniable du salarié à son poste de travail. Conscient et rassuré sur sa compétence, le “jeune” diplômé prend plus d’initiatives et est davantage force de propositions ; il est plus apte à se projeter dans l’avenir, accepte mieux le changement et s’adapte plus facilement… Le salarié est d’autant plus compétent que son sentiment d’efficacité personnelle est renforcé. L’impact sur sa productivité, et plus largement sur sa performance, semble indéniable. »

L’idéal, selon Isabelle Cartier, serait que l’entreprise propose au salarié, dès son embauche, d’inscrire son apprentissage professionnel formel et informel à venir dans un parcours certifiant. À étapes régulières, le salarié formaliserait ses acquis, accompagné par l’entreprise. Ce travail serait à terme validé par un jury compétent pour l’obtention d’une certification. Ne serait-ce pas totalement en concordance avec l’accord national sur la sécurisation des parcours signé le 11 janvier ?

L’ESSENTIEL

1 Depuis dix ans, la VAE permet à un nombre croissant de salariés d’obtenir une certification, particulièrement pour l’obtention d’un CAP-BEP ou de diplômes de l’enseignement professionnel et technologique.

2 Alors que le taux de réussite est de 57 % pour l’ensemble des VAE, il passe à plus de 85 %, voire jusqu’à 100 %, lorsqu’elles s’inscrivent dans une démarche collective d’entreprise.

3 Répondant à un besoin de reconnaissance et de sécurité du salarié, la VAE a un impact positif sur son implication dans l’entreprise, sa productivité et ses performances.

Auteur

  • LAURENT GÉRARD