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SEPT CONSEILS POUR PRÉVENIR LES ABANDONS ET LES ÉCHECS

Enquête | publié le : 29.01.2013 | L. G.

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SEPT CONSEILS POUR PRÉVENIR LES ABANDONS ET LES ÉCHECS

Crédit photo L. G.

Isabelle Cartier est consultante au cabinet VAE Les 2 Rives. En 2011, elle a organisé un partage d’expériences entre huit entreprises grands comptes (restauration collective, distribution spécialisée, transport et logistique, commerce de gros à prédominance alimentaire, télécoms) ayant mis en place une ou plusieurs démarches collectives de VAE.

E & C : Votre premier conseil est de bon sens : mobiliser et impliquer les RH et les managers en amont d’une VAE collective.

I. C. : Une information ciblée valorisant l’articulation de la démarche avec la stratégie et le projet d’entreprise est nécessaire. Elle doit présenter les étapes, le calendrier, les besoins et les contraintes, les principes de la VAE et la valeur ajoutée individuelle et collective de la démarche sur la sécurisation des parcours professionnels. Et une définition claire du rôle de chacun – service des ressources humaines, manager, accompagnateur, coordonnateur, tuteur… – doit être affichée.

E & C : Parallèlement, il faut préparer soigneusement l’information initiale des candidats.

I. C. : Cette information doit présenter les intérêts croisés du salarié et de l’entreprise, la nature et les contraintes du travail à accomplir, la disponibilité qu’il nécessite, les modalités et les attendus du jury, les moyens mis à disposition par l’entreprise, et les intervenants. Il s’agit de dédramatiser sans enjoliver.

E & C : Un point très sensible, selon vous, est de bien cibler la certification.

I. C. : Le ciblage de la certification doit être réaliste par rapport à la qualification et au potentiel des candidats, et proche de la réalité de leur activité actuelle. Lorsque le niveau de formation initiale est très éloigné du niveau de diplôme visé, les jurys sont prudents. Même si, en théorie, un autodidacte ou un bachelier peut parfaitement présenter un master 2, sous réserve d’avoir un CV et des justificatifs démontrant que le niveau de ses responsabilités et le périmètre de ses compétences depuis plus de trois ans correspondent à ceux d’un titulaire dudit diplôme. Le jury peut estimer nécessaire une étape intermédiaire par la licence ou un retour en formation sur certains sujets fondamentaux. Compte tenu de l’investissement personnel nécessaire, les candidats qui s’engagent dans la démarche visent avant tout une validation totale, même si une validation partielle peut être considérée comme un tremplin vers une VAE complète. Aussi faut-il valoriser la validation partielle, dès le départ, comme une étape du parcours, et les rassurer sur l’accompagnement post-jury le cas échéant.

E & C : Le choix de la certification étant prédéfini dans le cadre d’une démarche collective, faut-il prévoir un positionnement initial sur la base du référentiel afin de détecter d’éventuelles difficultés du candidat – écrit, oral ou courte expérience sur certains sujets ?

I. C. : Oui, la vigilance s’impose notamment par rapport aux risques d’autosurévaluation ou sous-évaluation du candidat, et de mauvaise compréhension des items du référentiel. Par ailleurs, chez les huit grands comptes interrogés, il a été constaté que les trois ans minimum d’activité requis, en lien avec la certification, ne suffisent pas pour garantir la réussite de la démarche ; les salariés ayant suivi de nombreuses formations internes sont en général mieux armés.

E & C : Autre aspect incontournable : prévoir un accompagnement complet, régulier et adaptable ?

I. C. : Il faut privilégier un accompagnement entièrement ou en partie pendant le temps de travail et impliquer le manager dans l’aménagement de ce temps. On peut l’individualiser, si besoin, avec des actions complémentaires : entretiens, formations, mises en situation… L’enjeu est de donner un rythme régulier à l’accompagnement pour soutenir la dynamique individuelle. Sa durée est variable : de 24 heures à 35 heures en moyenne, hors formation, en demi-journées ou journées entières, réparties sur six à huit mois maximum. La présence systématique d’un représentant de l’entreprise dans le cadre des séances collectives peut jouer un rôle de facilitateur, pour le repérage des difficultés individuelles, l’explicitation des spécificités des métiers de l’entreprise par rapport au référentiel, la traduction du jargon métier… Même si la majorité des entreprises qui mettent en œuvre ce type de démarche prévoient un accompagnement pendant le temps de travail, toute l’élaboration et la rédaction du dossier d’expérience sont réalisées sur le temps personnel du salarié : soirées, week-ends, RTT, congés… Nous évaluons ce temps à cinq heures minimum par semaine sur une durée moyenne de six mois.

Tout dépend, bien entendu, de la rapidité avec laquelle le candidat comprend la nature et l’objectif de l’exercice demandé, de sa capacité à structurer sa pensée et de son aisance rédactionnelle. Après un rapide calcul, cela équivaut en moyenne à un temps de travail de l’ordre de 130 heures par candidat, soit un peu plus de 18 journées à prendre sur son temps de récupération, ses loisirs, sa vie de famille et autres obligations personnelles… Nous sommes réellement dans une logique de co-investissement.

E & C : Dans certains cas, vous estimez que la présentation de plusieurs certifications en même temps est une bonne stratégie. Pourquoi ?

I. C. : La loi autorise un candidat à présenter jusqu’à trois demandes de VAE pour trois certifications différentes par an. Pour optimiser les chances de succès d’un candidat chez qui un doute subsiste entre deux niveaux à l’issue du positionnement initial, aussi bien pour passer le cap de la recevabilité que par rapport au jury final, il peut être judicieux de présenter deux dossiers concernant des certifications de la même filière mais de niveaux différents, avec des modalités de VAE similaires. Par exemple, deux certifications de l’Éducation nationale – bac et BTS – ou deux certifications universitaires – licence et master.

En revanche, présenter un titre du ministère de l’Emploi et un de l’Éducation nationale, dont les référentiels, les modalités VAE et les attentes du jury sont très différents, est compliqué, et encore davantage avec les CQP ! Cette stratégie a néanmoins un impact financier.

E & C : Enfin, pour un projet d’envergure nationale, quelles recommandations donneriez-vous ?

I. C. : Une démarche collective peut concerner des salariés de plusieurs sites de l’entreprise, géographiquement éloignés. Dans ce cas, l’enjeu est de garantir une équité de traitement, tant au niveau de l’accompagnement qu’à celui des modalités de validation des acquis. Selon des critères d’organisation et de coût, l’entreprise peut opter pour un accompagnement centralisé ou décentralisé, avec un ou plusieurs prestataires. Une bonne coordination et une harmonisation des pratiques nécessitent un réel travail préparatoire. Si les jurys sont organisés dans différents centres, il y a un risque que les modalités d’évaluation non harmonisées entraînent des décisions significativement différentes pour des candidats aux parcours et à la qualité de dossier très proches. Pour minimiser ce risque, notamment, certaines entreprises ont négocié avec le certificateur un accord-cadre.

Auteur

  • L. G.