Aon Hewitt a mené une longue enquête auprès de 280 sociétés et de 190 000 salariés au Canada pour déterminer la meilleure entreprise de l’année. Le gagnant est… Cisco, le spécialiste de la réseautique, qui emploie 1 400 personnes en terres canadiennes. Pour réaliser son enquête, Aon Hewitt a mesuré la mobilisation des salariés dans chaque entreprise. Outre Cisco, dans le groupe de tête figurent des sociétés comme Federal Express, McDonald’s ou encore les hôtels Marriott.

Depuis plusieurs années, Cisco se classe toujours aux premières places pour ce qui est de la mobilisation de son personnel. « Un haut niveau de mobilisation est en corrélation étroite avec une série de mesures liées à la productivité, comme le revenu par employé, l’absentéisme et le turn-over […] Le taux d’absentéisme des salariés hautement mobilisés est un peu moins de la moitié de celui des employés non mobilisés ; cela se traduit par une différence moyenne d’environ six jours par personne et par an », a déclaré par voie de communiqué Andrée Mercier, associée principale chez Aon Hewitt.

Plutôt que de miser sur des abonnements à des clubs de gymnastique ou sur des cafétérias aux menus santé – à la mode dans un pays où la malbouffe est courante –, Cisco a préféré axer le bien-être de son personnel sur la liberté de choix du lieu de travail. « Notre principale initiative est notre programme de travail à distance. Environ 85 % de nos salariés canadiens le pratiquent. Ils communiquent en utilisant les nouvelles technologies. Nous travaillons en équipes via des téléconférences, ce qui élimine le besoin de voyager », confie Willa Black, vice-présidente des affaires générales de Cisco, qui ajoute : « Nous pouvons travailler n’importe quand, n’importe où, ce qui donne aux salariés le contrôle de leurs agendas et les aide à gérer leur vie au travail. Surtout, cela accroît la productivité. »

La réussite de Cisco est donc essentiellement due à l’autonomie (empowerment) donnée au personnel. « La culture de l’entreprise est simple. Chaque individu gère sa propre PME. Les salariés sont maîtres de leur emploi du temps et ils travaillent avec leurs propres ordinateurs, téléphones et tablettes. La relation est fondée sur la confiance mutuelle », a expliqué récemment au quotidien montréalais La Presse le vice-président ventes et opérations de Cisco pour l’est du Canada, Jean-Claude Ouellet.

Cisco a aussi réduit la hiérarchie à sa plus simple expression. Le résultat est là : « Le nombre de salariés qui quittent l’entreprise [attrition] est très bas, de l’ordre de 1 % par an. Ceux qui partent le font généralement pour un changement de style de vie ou un changement majeur de carrière », conclut Willa Black.

Autre pratique susceptible d’accroître la mobilisation et de susciter la fierté d’appartenance : Cisco a créé, il y a quelques années, le Cisco Canada Civic Council, un département de 21 salariés chargés de développer des actions caritatives.

Ce type d’action n’est toutefois pas propre à Cisco. Dans un pays où la bonne conscience est érigée au rang de vertu, il est fréquent de voir des Pdg aller servir la soupe populaire au moment des fêtes. Le lendemain, l’événement est placé en une des médias locaux.

Selon Andrée Mercier, la mobilisation des salariés est un excellent moyen pour une organisation de réaliser des économies. Ainsi, pour un salarié dont le coût annuel total est de 40 000 dollars, l’entreprise peut économiser environ 1 000 dollars si celui-ci est mobilisé. La dématérialisation des postes de travail permet aussi des économies sur les espaces de bureau. Enfin, plaide-t-elle, plus les salariés sont mobilisés et plus ils ont tendance à faire la promotion de leur entreprise.