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Enquête

LA MÉCANISATION EST BONNE POUR LA MIXITÉ

Enquête | publié le : 22.01.2013 | E. F.

La menuiserie Atulam a récemment embauché trois femmes à des postes de production. Cette féminisation de “métiers d’hommes” a été possible grâce à leur mécanisation préalable.

Si les machines remplacent les hommes, elles permettent aussi aux femmes d’accéder à des “métiers d’hommes”. La mécanisation progressive du travail dans la menuiserie industrielle Atulam (90 salariés) a été la condition pour que des femmes occupent aujourd’hui des postes en production. L’entreprise, située à Jarnages (Creuse), fabrique sur mesure des por-tes et des fenêtres en bois. L’assemblage des pièces est la partie la plus physique du travail et reste l’apanage des hommes. En revanche, l’usinage des pièces se fait depuis une dizaine d’années grâce à des machines à commandes numériques. C’est là que travaillent deux des quatre femmes de la production. Les deux autres sont la responsable qualité et une préparatrice de commandes. Par ailleurs, le bureau d’étude emploie trois femmes sur les six salariés qui le composent.

Diversité des profils

« La mécanisation a permis d’ouvrir le recrutement à des profils plus diversifiés, explique Christophe Neveu, responsable RH d’Atulam. Il y a quinze ans, l’entreprise ne recrutait que des menuisiers hommes, aujourd’hui, nous avons également des gens qui viennent de la métallurgie, car ils possèdent les compétences pour conduire les machines. »

Jusqu’à récemment, il n’y avait qu’une seule femme en production. La mécanisation était une condition de ce début de féminisation, qui procède d’une volonté délibérée de la direction, d’ailleurs non dénuée d’a priori. « Nous avons voulu féminiser des postes qualitatifs, car les hommes sont moins pointus dans ce domaine ; en outre, une équipe composée seulement d’hommes ou de femmes, ce n’est jamais bon », explique Christophe Neveu.

Leur intégration s’est bien déroulée, aux dires du responsable RH, selon qui « les autres salariés n’ont jamais eu un mot plus haut que l’autre ». Il est vrai que le contexte de l’entreprise est plutôt favorable. Travaillant à la commande, sans stock, Atulam est contrainte à « l’adaptation permanente », et obligée de former les personnes qu’elle embauche car les compétences n’existent pas dans le bassin d’emploi de Jarnages. « S’il fallait ne recruter que des gars costauds, menuisiers et habitants à moins de 5 km, cela réduirait le champ des possibles », commente Christophe Neveu. Autant de contraintes qui réduisent les habitudes sclérosantes.

Enfin, le patron de la menuiserie, Xavier Lecompte, croit volontiers que la diversité des profils est source d’inventivité et de richesses. Lui-même vient du conseil en informatique.

Le calcul est apparemment payant, puisqu’Atulam a décuplé son chiffre d’affaires en quinze ans (11 millions d’euros aujourd’hui) et est passée de 20 à 90 salariés. Le recentrage de l’activité vers le haut de gamme a joué également.

L’embauche de femmes ne s’est cependant pas faite sans quelques ratages. « Certaines ont été déçues, car elles s’attendaient à davantage de créativité et à maîtriser la totalité du processus, alors que nous sommes quand même une industrie », explique Christophe Neveu. Ce dernier n’a pas été confronté pour le moment à des congés maternité, mais il est confiant : « Ce ne sera pas un souci, on s’organisera. De toute manière, notre organisation est fondée sur la polyvalence. »

ATULAM

• Activité : menuiserie industrielle.

• Effectif : 90 salariés.

• Chiffre d’affaires 2012 : 11 millions d’euros.

Auteur

  • E. F.