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Une dynamique de stabilisation des saisonniers

Pratiques | RETOUR SUR… | publié le : 15.01.2013 | FLORENCE ROUX

L’entreprise d’activités de loisirs fait un premier bilan modeste, mais positif, de son accord sur la sécurisation des parcours professionnels des saisonniers, signé fin 2011.

Bon début, peut mieux faire. Tel est le constat à la Compagnie des Alpes (CDA), un an après la signature d’un accord sur la sécurisation des parcours des saisonniers, qui constituent 60 % des 5 000 salariés de cette entreprise d’activités de loisirs. À la CDA, direction et syndicats s’accordent en effet pour reconnaître de bons chiffres, quoique modestes. Pour sa première année d’exercice, l’accord a bénéficié à 285 personnes, dans les parcs de loisirs et les domaines skiables du groupe. Parmi elles, 145 ont trouvé un emploi localement chez un des sous-traitants des stations, dans le BTP par exemple.

S’engager sur son territoire

« Dans ces actions locales, à la montagne en particulier, ce sont souvent les élus qui pilotent et nous sommes surtout partie prenante, explique Jean-Jacques Pampelonne, DRH des domaines skiables. Mais l’accord est important parce qu’il a incité chaque filiale à s’engager sur son territoire. » En témoigne Walibi Rhône-Alpes, aux Avenières, où les salariés du parc travaillent aussi dans une pâtisserie industrielle proche.

La réinternalisation de certains travaux de menuiserie ou de peinture, qui n’avait pas été prévue par le texte sur la sécurisation des parcours, a aussi permis de reprendre 87 salariés à l’intersaison. « Nos personnels sont plus biqualifiés que d’autres, et ont déjà l’habitude d’exercer un autre métier à l’intersaison », explique Caroline Marty, DRH de la STVI, à Val d’Isère. En 2013, d’ailleurs, le démarrage d’un vaste chantier devrait aussi servir la sécurisation des parcours à la CDA : la compagnie doit en effet prendre en charge la réfection des 500 appartements que la Caisse des dépôts, sa maison mère, va racheter et restaurer dans les Alpes sur plusieurs années.

Côté formation – l’un des volets de l’accord –, le groupe met en avant douze contrats de professionnalisation à Walibi Sud-Ouest et six VAE au Parc Astérix, ainsi qu’une opération de formation multi-activités à Serre Chevalier, avec acquisition d’une double compétence – conducteur de remontée l’hiver et accompagnateur d’activité de loisirs pendant l’été (telles l’accrobranche ou le canyoning).

DIF, CIF et VAE

Ces contrats auraient peut-être été réalisés sans l’accord, mais, selon le DRH, « celui-ci mise sur la formation, engageant chaque société à accompagner les saisonniers sur des dossiers de DIF et de CIF, mais aussi dans des VAE, dans la rédaction du CV et la préparation d’entretiens. Les gens se sont bien investis. Un représentant des salariés dans les domaines skiables a même proposé d’utiliser le DIF ou le CIF pour se préparer aux métiers des parcs. L’accord donne des idées à tout le monde ».

Pour l’objectif le plus emblématique de l’accord, la mobilité entre domaines skiables et parcs de loisirs, le DRH est satisfait « malgré des chiffres marginaux ». Effectivement, il n’y a eu que huit candidatures des domaines vers les parcs à l’été 2012 et une trentaine dans l’autre sens, cet hiver. « C’est peu, mais au-delà de ce que nous attendions, résume Pierre Folcher, secrétaire FO du comité de groupe. Cet accord confirme la réelle attente de mobilité, surtout de la part des personnels des parcs. » Antoine Fatiga, le référent “saisonniers” de la CGT en Savoie, ajoute que « cet accord a enclenché une dynamique ». Et Jean-Jacques Pampelonne précise que « les offres ont bien circulé entre les sociétés et que les services RH ont pris l’habitude d’être en lien. »

Cependant, la CDA ne peut obliger ces salariés à migrer entre ses sites. Ainsi, si elle estime que « cet accord, avec la complémentarité des saisons et la ressemblance des activités, ne peut que fonctionner », Caroline Marty se dit un peu déçue par ces premiers résultats, « sans doute favorisés par la grande fidélité des salariés saisonniers en station » (lesquels bénéficient, en vertu de leur convention collective, d’une priorité de réembauche entre deux saisons, NDLR). Dans les parcs, au contraire, « la population est plus jeune et prête à bouger, remarque Pierre Folcher. Mais elle n’a pas toujours la compétence à ski, souvent utile, voire indispensable en station ». Autre frein à la mobilité, selon le représentant syndical : « La différence de traitement entre salariés, souvent logés par l’employeur à la montagne, alors que c’est très rare dans les parcs. »

Évolution des pratiques

Après une année de rodage, la DRH de la STVI se félicite d’avoir affiché, dès la fin décembre, 70 annonces de Walibi. Puis, une fois ces offres pourvues, en mars, elle a déjà convenu d’une réunion de recrutement avec un partenaire, le Geiq BTP des pays de Savoie.

« Cette fois, nous avons informé les saisonniers dès la soirée d’accueil, ajoute-t-elle. Il faut peut-être du temps mais ça ne peut que marcher ! L’accord a une telle pertinence, surtout pour les jeunes. En s’y prenant plus tôt, en adoptant de nouvelles habitudes, comme celle de faire des entretiens d’embauche par Skype, nous allons faire évoluer les pratiques. Les passerelles au sein du groupe pour les salariés, tout comme les échanges avec les entrepreneurs locaux, permettent aussi de sécuriser les recrutements. On est plus sûrs des compétences de la personne qu’on embauche. On valorise la cooptation. »

Enfin, nouveau gage de stabilisation, sinon de sécurisation des parcours, la CDA et ses IRP viennent de signer un nouvel accord fin 2012 pour relever les primes d’ancienneté des salariés des stations, pour les 750 personnes, saisonniers ou CDI, qui ont acquis au moins vingt et un ans d’ancienneté.

Auteur

  • FLORENCE ROUX