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États-UnisLA RETRAITE, C’EST POUR PLUS TARD

Pratiques | International | publié le : 15.01.2013 | CAROLINE TALBOT

Les retraités américains, dont la capitalisation pour la pension et les salaires de fin de carrière ont été réduits par la crise, sont de plus en plus sollicités et plus enclins à retourner au travail.

Karen McCall, 59 ans, secrétaire de direction à Principal Financial, un groupe de services financiers installé à Des Moines, dans l’Iowa, a pris sa retraite après trente-huit ans de bons et loyaux services dans l’entreprise. Elle ne l’a pas pour autant complètement quittée. Grâce au programme Happy returns (heureux retours), elle revient de temps à autre dans ses anciens bureaux pour donner un coup de main.

« Au début de la retraite, explique-t-elle, je me suis occupée de mes petits-enfants. » Mais ils ont grandi. Elle a joué au golf, lu, marché… Mais, « au bout d’un moment, je me suis ennuyée ». La secrétaire a donc bondi sur l’occasion, quand on lui a proposé de remplacer deux collègues en congé de maternité, pendant vingt semaines. Elle apprécie tout particulièrement l’accueil qu’on lui réserve sur place : « Ils n’ont pas besoin de m’apprendre les règles du jeu, je connais le système. La transition se fait tout en douceur. »

Le groupe Principal Financial (12 900 salariés) a vu revenir, depuis le lancement de Happy returns en 1996, plus de 120 salariés pour “boucher les trous” dix à vingt heures par semaine. Le programme permet de remplacer les vacanciers et les salariés en congé de maladie, selon Annemarie Miller, manager du recrutement. Les retraités peuvent aussi remplir des missions ponctuelles. Il suffit alors de passer par l’intermédiaire d’une agence Manpower, qui gère les fiches de paie des intéressés.

Des collaborateurs spécialisés

Principal Financial n’est pas une exception. Alors que la retraite de sécurité sociale peut être perçue dès 62 ans et à taux plein à 66 ans, le retour des retired au bureau est un phénomène de plus en plus courant aux États-Unis. Il suffit de consulter le site Work Reimagined de l’association AARP, le plus grand lobby des retraités américains, pour constater le nombre grandissant de compagnies offrant un job aux sexagénaires. L’assurance Aetna, les magasins Lowe’s, le laboratoire Monsanto, les drugstores Walgreens… tous se disent prêts à accueillir des retraités dans leurs effectifs. « Ce sont des collaborateurs spécialisés, ils n’ont pas besoin de formation et ils connaissent la culture de la maison », explique par exemple Steven Crosby, le porte-parole de Frontier Communications, géant de la téléphonie.

Sandee McClelland, fondatrice de la société SmartSchoolsPlus, dans l’Arizona, est tout aussi enthousiaste. Depuis dix ans, son groupe sert d’intermédiaire entre fonctionnaires à la retraite et écoles de l’État. Professeurs, chauffeurs de bus, personnels administratifs… peuvent réintégrer le système avec un revenu égal à 80 % de leur salaire précédent, tout en conservant le bénéfice de leur retraite. Les écoles, de leur côté, disposent d’un pool de personnes expérimentées à un prix serré. C’est SmartSchoolPlus qui s’occupe des cotisations sociales. Depuis sa création, 6 000 jeunes retraités ont saisi l’opportunité, et ils ont prolongé leur temps d’école de trois à cinq ans en moyenne.

Considérations financières

Dans ces choix de reprise d’emploi, les considérations financières ont leur importance pour une génération qui a subi les effets de la récession en fin de carrière. Les fameux 401(k), fonds de pension d’entreprise à cotisations définies, favorisés au plan fiscal, n’affichent pas les rendements espérés, sans compter que les fins de carrière ont souvent été chaotiques. Pour les travailleurs de 51 à 61 ans qui ont été licenciés ces dernières années, la moyenne des reculs de rémunération dans l’emploi suivant était de 21 %, selon une étude du think tank libéral Urban Institute, contre 7 % pour les 25-34 ans.

Pourtant, tout comme Karen McCall, les trois quarts des Américains âgés de 50 à 69 ans et percevant des revenus moyens affirment rester au travail par envie plus que par nécessité, selon une enquête récente de Charles Schwab & Co., opérateur financier qui propose notamment des plans 401(k). Dans un pays ou l’activité professionnelle est très valorisée socialement, plus du quart de ces salariés âgés affirment même qu’ils vivent la meilleure période de leur carrière.

Auteur

  • CAROLINE TALBOT