Dans les années 1980, on disait d’un candidat qui faisait jouer ses relations pour obtenir un poste qu’il était un « pistonné » ou un « fils à papa ». Aujourd’hui, il est « organisé, dynamique, moderne », constate Jean-François Amadieu.

Or, hier comme aujourd’hui, l’activation des réseaux fausse « le jeu du marché tout en renforçant les discriminations et les inégalités sociales ». Ainsi, « les personnes originaires d’Europe du Sud ont les réseaux plus étendus que les personnes originaires d’Afrique, du Maghreb ou de Turquie », et accèdent donc plus facilement à l’emploi, explique l’auteur en faisant référence à trois études sur le sujet. Le développement des réseaux sur la toile ne change rien à cette distorsion, les fameux « liens faibles » qui unissent « friends et followers » n’étant pas près de supplanter les liens forts de la famille, de la grande école ou de la politique.

Et de rappeler l’anecdote édifiante de Jeannette Bougrab, alors secrétaire d’État à la Jeunesse et ancienne présidente de la Halde, proposant à Nabil, un auditeur de Fun Radio, en février 2011, de « donner un coup de pouce à son CV », parce qu’il n’arrivait pas à se faire embaucher dans une banque. « Cette consécration du piston au plus haut niveau par ceux qui ont eu en charge la lutte contre les discriminations laisse perplexe », regrette l’auteur.