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AllemagneL’APPRENTISSAGE À L’ALLEMANDE FAIT DES ÉMULES DANS LE MONDE ENTIER

Pratiques | International | publié le : 08.01.2013 | MARION LEO

Le fameux système de formation en alternance allemand rencontre dans le monde un succès croissant: de plus en plus, les entreprises d’outre-Rhin forment des apprentis dans leurs filiales à l’étranger, et de nombreux pays sont intéressés par ce système dual, vu comme un des facteurs de la réussite économique et du faible taux chômage des jeunes en Allemagne.

Sur le site d’Osram, société d’éclairage allemande, à Smolensk, en Russie, vingt jeunes Russes suivent une formation en alternance de deux ans, combinant, comme en Allemagne, un enseignement pratique en entreprise et des cours théoriques dans une école professionnelle.

Sergej Majsukow, 21 ans, a eu la chance d’en faire partie. En juillet 2012, il a été embauché par cette filiale de Siemens dès la fin de son apprentissage. Une transition aussi facile vers le monde du travail ne va pas de soi en Russie, où les élèves des écoles professionnelles ont peu de contacts avec les entreprises. Aux États-Unis, le groupe a des ambitions comparables : dans son usine de turbines de Charlotte, par exemple, il organise régulièrement des visites d’usines pour les écoliers et informe les parents et les conseillers d’orientation sur les attraits d’un système encore jugé avec méfiance. « Nous essayons d’amener un changement de mentalités chez les enfants qui ont toujours cru qu’ils allaient faire des études académiques », explique Pamela Howze, en charge de l’apprentissage sur le site de Charlotte.

Programmes adaptés

Knauf, Volkswagen, BMW, Audi, Mercedes, Bosch… tous les grands groupes ont adopté une démarche analogue. Sur son site russe, à Kaluga, Volkswagen Group Rus propose par exemple cinq formations en alternance, et a conçu un programme spécial, en collaboration avec les autorités locales, pour adapter le modèle allemand au système éducatif russe, qui attache une grande importance à la théorie.

Selon Markus Milwa, directeur de iMove, une initiative lancée par Berlin pour soutenir les prestataires allemands de formation dans leur développement à l’international, « il s’agit bien d’une nouvelle tendance ». Les raisons avancées par les entreprises sont le manque de personnel qualifié sur place ou un niveau de formation insuffisant pour obtenir le standard de qualité recherché.

Mais le succès du modèle allemand s’explique aussi par l’intérêt qu’il suscite dans le monde depuis la crise de 2008-2009. Selon Markus Milwa, les demandes d’informations ont explosé et proviennent des quatre coins du globe: des Amériques, d’Asie, d’Europe, et même de Palestine et d’Israël. La raison est simple: le taux de chômage des jeunes s’établit à environ 8 % en Allemagne (contre plus de 50 % en Espagne ou en Grèce). Le pays compte 1,6 million d’apprentis, trois fois plus que la France par exemple, et l’apprentissage y est considéré comme une filière d’excellence professionnelle, d’une durée de deux à trois ans. L’État finance les établissements d’enseignement et les entreprises les salaires des apprentis, leur sélection leur revenant.

Un rôle de sherpa

« Nous sommes conscients du fait que le faible taux de chômage en Allemagne est lié à son système de formation professionnelle, a expliqué José Ignacio Wert, ministre espagnol de l’Éducation, à l’occasion de la signature d’un accord bilatéral de coopération en matière d’apprentissage avec l’Allemagne, en juillet dernier. On ne peut pas copier ce système à la lettre, car il est très lié aux structures industrielles du pays et à l’attitude de ses entreprises. […] Mais nous souhaitons que l’Allemagne devienne notre sherpa. » Un rôle que le pays semble tout prêt à adopter. Le 11 décembre 2012, Annette Schavan, ministre allemande de l’Éducation, a ainsi conclu avec ses voisins européens (Espagne, Portugal, Grèce, Italie, Lettonie et Slovaquie) un « pacte pour l’apprentissage en Europe », prévoyant une série de mesures pour introduire dans ces pays un système de formation en alternance, avec le soutien de l’Allemagne.

Auteur

  • MARION LEO