Adhérer à un syndicat ne procure pas d’avantage salarial. En France, il faut chercher ailleurs – dans des considérations politiques ou dans la pression de l’entourage – les raisons pour lesquelles des salariés prennent leur carte. Ainsi concluent les économistes Mathieu Bunel et Gilles Raveaud dans une étude publiée fin 2012 par le Centre de recherche en économie et management.

En puisant dans l’enquête “Réponse” (2005) du ministère du Travail, les deux chercheurs ont comparé les salaires des adhérents à un syndicat à ceux des non-adhérents, toutes choses égales par ailleurs. Résultat : sauf pour les ouvriers et les employés de bureau encartés, qui gagnent environ 3 % de plus, il n’y a pas de différence notable.

Les deux économistes en déduisent qu’il n’y a pas de gain financier associé à une adhésion. A contrario, un syndiqué gagne 12 % à 14 % de plus aux États-Unis, où cet avantage salarial est devenu un sujet d’étude important pour les chercheurs. Cet écart s’explique par le système américain (union shop), où la présence d’un syndicat dans une entreprise amène de nombreux avantages et où l’adhésion est obligatoire. Rien de tel en France, où un avantage négocié bénéficie à tous les salariés, adhérents ou non. Ce qui expliquerait le faible taux d’adhésion. A fortiori quand une étude de 2010 d’un autre chercheur, Thomas Breda, partant des mêmes données, conclut que les salariés mandatés gagnent 10 % de moins.