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LA VOITURE ÉLECTRIQUE PLÉBISCITÉE

Enquête | publié le : 26.12.2012 | V. Q.

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LA VOITURE ÉLECTRIQUE PLÉBISCITÉE

Crédit photo V. Q.

La Poste s’équipe progressivement de voitures électriques. Objectif : réduire les émissions de CO2, mais aussi améliorer les conditions de vie des facteurs. Les premiers utilisateurs sont séduits.

Près d’un facteur sur quatre conduira une voiture électrique d’ici à 2015. La Poste s’est en effet engagée dans un déploiement à grande échelle du transport propre. Deux mille voitures électriques sont d’ores et déjà en circulation, il y en aura 10 000 en 2015 (sur une flotte de 45 000 véhicules pour le courrier), ce qui, affirme le groupe, constituera la plus importante flotte de véhicules au monde.

Cet investissement correspond à la fois à des choix citoyen, économique et stratégique. « C’est de la responsabilité d’une grande entreprise comme La Poste de contribuer à rendre pertinente et crédible l’offre de mobilité électrique en France. Mais nous avons aussi un intérêt objectif à le faire : l’évolution du coût du pétrole va rendre la voiture électrique plus économique, et son absence de pollution sonore et carbonée nous permettra de continuer à accéder au cœur des villes, ce qui sera de moins en moins le cas pour les véhicules à moteur thermique », explique Yves Xemard, directeur industriel de La Poste. Ancien DRH de l’activité courrier, il rappelle aussi un autre objectif : améliorer les conditions de travail des facteurs.

Des impacts positifs sur la santé

Avant de procéder au déploiement industriel de la flotte électrique, des entretiens de retour d’expérience ont été menés sur les 300 Citroën électriques (modèle Berlingot) mises en circulation entre 2009 et 2010. Les résultats sont sans appel : 99 % des conducteurs et des managers sont satisfaits. Les facteurs apprécient la conduite plus fluide et silencieuse.

Les médecins du travail ont réalisé une étude d’impact sur la santé qui a confirmé ces résultats : « Les conditions de conduite sont améliorées par l’absence de changement de vitesse et d’embrayage. Cela évite des mouvements répétitifs du membre supérieur droit et du membre inférieur gauche », détaille le dr Bernard Siano, médecin coordinateur de La Poste. Des caractéristiques d’autant plus appréciables lors des manœuvres. Il faut dire qu’au cours d’une tournée, un facteur peut se garer et redémarrer 200 fois.

L’absence de bruit rend aussi la conduite plus sereine… avec des conséquences inattendues : « Les chiens ne nous accueillent plus avec les aboiements habituels », ont témoigné certains facteurs ! Les accidents ont diminué les premiers temps, pour revenir au même taux qu’avec les véhicules thermiques.

Gérer l’enthousiasme

Dans un climat social tendu, le passage aux véhicules électriques constitue un des rares sujets de consensus. « Les agents qui conduisent ces voitures ne voudraient pas revenir à un véhicule thermique. Pour une fois, voilà un changement positif », constate Martine Buty, secrétaire départementale information-communication Force Ouvrière dans le Lot-et-Garonne. Son syndicat, précise-t-elle, « est très favorable à tout ce qui améliore l’environnement, mais reste vigilant sur le fait qu’une amélioration n’entraîne pas une augmentation de la productivité des agents ».

Côté direction, on confirme que le sujet suscite peu de réserves de la part des organisations syndicales. « C’est même plutôt l’inverse : il faut être en capacité de gérer les attentes et l’enthousiasme des facteurs et des élus qui n’attendent qu’une chose : qu’on installe de nouveaux véhicules », confirme Yves Xemard.

Car l’investissement est élevé. Le modèle choisi pour le déploiement – Renault Kangoo – coûte deux fois plus cher à l’achat que son homologue thermique. Mais sur une durée de fonctionnement de cinq ans, il revient au même prix. Et, dans trois ans, La Poste aura déjà réduit de 20 % ses émissions de gaz carbonique.

LA POSTE

• Activité : courrier, banque.

• Effectif : 268 000 salariés, dont 155 000 au courrier.

• Chiffre d’affaires 2011 : 21 milliards d’euros.

DHL EXPRESS : 30 % DE VÉHICULES ÉLECTRIQUES D’ICI À 2015

Le transporteur DHL Express France va s’équiper de véhicules électriques. Le choix s’est porté sur le modèle Kangoo de Renault pour les véhicules utilitaires de 4 m3. Pour les plus gros volumes, des tests vont être faits avec d’autres équipementiers. D’ici à 2015, 30 % de la flotte, qui s’élève à près de 600 véhicules, seront électriques. « L’achat de véhicules propres s’inscrit dans la démarche Go Green, un des volets du programme mondial Living responsability du groupe Deutsche Post DHL. L’objectif de Go Green est de réduire nos émissions de gaz carbonique de 30 % d’ici à 2020 », explique Christelle Meckler, responsable qualité et environnement de DHL Express France.

Les premiers véhicules ont été testés en 2012 à Toulouse et à Rouen. Les retours sont excellents : les chauffeurs livreurs apprécient le confort de conduite et l’absence de bruit. Avec le déploiement des véhicules en 2013, un travail sera mené en collaboration avec la DRH pour intégrer, dans les retours d’expérience, des indicateurs sur la qualité de vie au travail et sur l’accidentologie.

L’objectif est également d’étendre l’électrique aux voitures de fonction. DHL Express vient d’acquérir symboliquement un véhicule de la présérie du modèle Zoe, la nouvelle voiture électrique citadine de Renault. Mais des questions restent en suspens sur les modalités d’usage. La faible autonomie d’un véhicule électrique ne permet pas, par exemple, de partir en vacances. « Il y aura un vrai travail à faire avec la DRH, le service parc auto et le service communication pour résoudre ces problèmes et cibler les bonnes populations », indique Christelle Meckler.

Pour atteindre les objectifs du programme Go Green, l’entreprise mise aussi sur l’écoconduite ; 60 % des 550 chauffeurs y ont déjà été formés.

Auteur

  • V. Q.