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DES ENTREPRISES AIDENT LES SALARIÉS À PASSER AU VERT

Enquête | publié le : 26.12.2012 | VIOLETTE QUEUNIET

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DES ENTREPRISES AIDENT LES SALARIÉS À PASSER AU VERT

Crédit photo VIOLETTE QUEUNIET

Certaines grandes entreprises parient sur la transition énergétique et accompagnent leurs collaborateurs dans cette démarche. Des initiatives encore rares mais très appréciées des salariés. Peu sollicités pour l’instant, les DRH pourraient jouer un rôle plus actif si la tendance à passer au vert se poursuit.

Partir au travail à vélo, aller voir des clients en véhicule électrique de fonction, équiper sa maison de panneaux solaires en partie payés par son entreprise… Une fiction ? Pas pour quelques milliers de salariés en France. Certes, les employeurs qui aident leurs salariés à réduire leur impact énergétique ou à utiliser des transports propres font encore figure de précurseurs. Mais la tendance est là, que l’augmentation du prix de l’énergie ne pourra qu’amplifier. Pour certaines entreprises, l’enjeu est stratégique, car directement lié à la continuité de leur business, comme l’indique Olivier Classiot, directeur associé du cabinet Des Enjeux et des Hommes (lire l’entretien p. 26). « Lorsque La Poste développe une flotte de véhicules électriques, elle envoie un signe rassurant aux élus municipaux qui limitent de plus en plus l’accès en centre-ville. Elle protège ainsi ce qu’on appelle son droit à opérer. » Dans le sillage de La Poste, DHL Express entame aussi sa transition vers l’électrique (lire p. 26). À cause de son engagement dans une démarche de développement durable, mais aussi pour anticiper une réglementation de plus en plus contraignante. « Plusieurs chefs d’agence m’alertent sur les limitations d’accès aux véhicules thermiques. Actuellement, pour des raisons de coût, les agences ont recours à des sous-traitants pour les véhicules électriques. Si les contraintes se renforcent, il faudra sans doute avoir des véhicules en propre », indique Christelle Meckler, responsable qualité et environnement de DHL Express France.

Transports doux

Les plans de déplacements d’entreprise (PDE), qui favorisent des alternatives à la voiture individuelle afin d’optimiser les déplacements et de réduire les émissions de gaz à effet de serre, jouent un rôle important dans la transition vers des transports doux. « Nous sommes le plus souvent sollicités lorsqu’un PDE est mis en place : c’est l’élément déclencheur », constate Arthur Schulz, associé fondateur de Green On, une toute jeune entreprise – créée en 2009 – qui met en place des deux-roues électriques en libre-service dans les entreprises et les administrations.

Parmi ses clients : Bouygues Construction, la Banque de France, ST Microelectronics ou encore la SNCF (lire p. 26). L’entreprise ferroviaire n’a pourtant pas été motivée par un plan de déplacement mais par un souci d’exemplarité. « Nous travaillons sur le sujet de l’intermodalité, et le vélo a une vraie pertinence pour parcourir les derniers kilomètres de la station de train à son domicile. Il était normal de nous appliquer à nous-mêmes l’écomobilité que l’on préconise », souligne Alexandre Richardot, responsable de la mission vélo à la direction écomobilité et innovation SNCF Proximités.

Dans la même logique, Total ne s’est pas fait prier lorsque les organisations syndicales ont demandé une participation financière à l’installation de panneaux solaires au domicile des salariés (lire p. 23). « Nous avons répondu positivement, car c’est une façon d’associer nos collaborateurs à la stratégie du groupe en matière de développement durable. C’est peu connu, mais Total est un acteur majeur du solaire depuis l’acquisition de Sun Power. Ces offres envers nos collaborateurs font partie de notre démarche de développement durable qui consiste à répondre aux besoins en énergie tout en veillant à réduire l’impact de nos activités sur l’environnement », souligne Virginie Lalanne, responsable des relations du travail.

Caractère précurseur

Plus rares sont les motivations économiques, même si les entreprises commencent à faire leurs calculs. Une entreprise du CAC 40, dont Green On ne veut pas révéler le nom, étudie en ce moment la solution du vélo à assistance électrique pour effectuer les déplacements intersites en région parisienne. Une alternative à la navette privée et au taxi, très onéreux.

Est-ce le caractère précurseur de ces initiatives ? Toujours est-il que les salariés leur réservent un très bon accueil. Normal, quand il s’agit d’avantages dont ils disposent dans la sphère privée, comme chez Total ou encore Auchan (lire l’encadré p. 25). Mais les remontées sont tout aussi positives quand leur quotidien professionnel est touché. À la SNCF comme à La Poste, les salariés plébiscitent l’amélioration de la qualité de vie au travail apportée par le vélo à usage professionnel et la voiture électrique. À DHL Express France, Christelle Meckler a constaté, pour sa part, « une vraie fierté des chauffeurs lors des premiers tests : un véhicule électrique, c’est innovant et ça se remarque ». Du coup, les organisations syndicales appuient ces démarches quand elles ne sont pas à leur initiative, comme chez Total. Plutôt une bonne nouvelle pour les directions RH !

La transition énergétique ou la diminution de l’empreinte carbone ne sont pas, a priori, des sujets RH. Les directions des ressources humaines sont d’ailleurs rarement sollicitées à l’étape de l’expérimentation. Mais, dès lors que l’entreprise passe à celle du déploiement, elles deviennent incontournables.

Un volet formation

Souvent, elles sont impliquées parce que l’accompagnement des salariés dans l’appropriation d’un nouveau mode de transport ou d’une autre façon de conduire comporte un volet formation. Olivier Classiot constate d’ailleurs une augmentation continue de la part des formations développement durable dans le budget formation des entreprises. De plus, les freins au déploiement, qui sont en partie techniques, deviennent rapidement des sujets RH. Par exemple, « le DRH a souvent le dernier mot dans la décision de déployer, ou non, une flotte de vélos à assistance électrique », constate Arthur Schulz. La raison ? Le risque d’accidents, même si les statistiques prouvent que ce moyen de transport est le moins accidentogène. Green On prend d’ailleurs soin de fournir une solution clés en mains, incluant kit de sécurité, formation et assurance tous risques.

Si la tendance à passer aux énergies vertes se poursuit, le DRH aura aussi à gérer des problématiques d’avantages acquis. Le postier ou le chauffeur livreur gagnent à remplacer leur véhicule à moteur thermique par la voiture électrique. C’est une autre histoire quand il s’agit de véhicules de fonction. Comment partir en vacances avec une voiture dont l’autonomie ne dépasse pas 250 km ? Les car policies seront à revoir avec l’appui des RH, comme va le faire DHL Express France en 2013. Certains prestataires y ont déjà réfléchi, telle l’entreprise Carbox, spécialisée dans l’autopartage (véhicules thermiques et électriques). Elle ne propose pas une voiture mais une mobilité, soit un package composé d’une voiture en partage, d’un certain nombre de locations et de courses en taxi.

Même chose pour les vélos à assistance électrique : les salariés les apprécient tant qu’ils remplacent le métro, mais en sera-t-il de même s’ils doivent renoncer au taxi ?

Bref, des sujets de négociation en perspective. Certes, le changement se fera progressivement, mais les DRH doivent l’anticiper, en construisant notamment des indicateurs de bien-être autour de l’usage des transports doux. Le sujet est encore consensuel, raison de plus pour s’y intéresser…

L’ESSENTIEL

1 Voitures électriques, vélos à usage professionnel, aides financières pour réduire les factures énergétiques : plusieurs entreprises aident leurs salariés à prendre le virage vert dans la sphère professionnelle ou personnelle.

2 Ces initiatives sont généralement plébiscitées par les salariés et par les organisations syndicales. Les transports alternatifs apportent une meilleure qualité de vie.

3 Les DRH sont appelés à jouer un rôle proactif sur ces sujets à travers la formation et la négociation. Ils peuvent aussi contribuer à lever certains freins au déploiement des solutions vertes.

Auteur

  • VIOLETTE QUEUNIET