Le sujet a été posé sur la table par les syndicats, lors des négociations annuelles obligatoires fin 2011 : pourquoi le groupe Total n’aiderait-il pas ses collaborateurs à améliorer l’efficacité énergétique de leur domicile ? « Les salariés nous le demandaient. Nous l’avons obtenu au titre des mesures annexes de la NAO », explique Josette Sabaté, déléguée centrale syndicale CFDT.

Un accord groupe développement durable, offre solaire et efficacité énergétique a donc été signé le 4 mai 2012. « Nous avons voulu soutenir les salariés de manière concrète : dans leurs projets d’accès aux énergies renouvelables et d’économie d’énergie de leur logement. Les offres ont été bâties avec les syndicats et l’accord signé à l’unanimité », précise Virginie Lalanne, responsable des relations du travail.

Côté solaire, l’accord propose un tarif préférentiel sur les panneaux solaires photovoltaïques produits par la filiale de Total, SunPower, une remise groupe de 1 500 euros et un prêt bancaire à taux avantageux (3,60 %) pour financer l’acquisition et l’installation des panneaux.

Sur le volet efficacité énergétique, la contribution du groupe consiste à financer la moitié du diagnostic énergétique du logement du salarié. La remise sur le solaire n’est pas soumise à cotisations sociales, car en relation avec l’activité du groupe. En revanche, la contribution au diagnostic énergétique est assimilée à du salaire et, à ce titre, soumise aux prélèvements sociaux et fiscaux.

Une campagne de communication interne a fait connaître l’offre aux 40 000 collaborateurs du groupe en France. Des salariés de SunPower ont joué les ambassadeurs dans plusieurs entités de Total. Les syndicats ont également relayé l’information. Résultat : selon un bilan arrêté fin novembre 2012, 200 salariés ont acheté un panneau solaire. Un bon chiffre, selon la direction, si l’on considère qu’il s’agit d’un produit cher (12 000 euros pour le plus petit kit, déduction faite des remises) et qui ne concerne que les propriétaires de maison. Lancée plus tard dans l’année – en septembre –, l’offre sur le diagnostic énergétique n’a pas encore fait l’objet de statistiques. Budget dévolu aux deux actions : 1 million d’euros.

Après un bilan complet, ces offres, qui sont limitées dans le temps – fin décembre 2012 pour le solaire, octobre 2013 pour le diagnostic –, pourront être reconduites, voire élargies. C’est en tout cas le souhait des organisations syndicales. « C’est un plus pour les salariés et c’est un sujet qui fait consensus, car il n’y a rien de politique, observe Josette Sabaté. Et puis, cela permet à l’entreprise de faire sa publicité sur sa filiale solaire ! ».

Total récupère également les certificats d’économie d’énergie des salariés qui auront réalisé des travaux, satisfaisant ainsi à ses obligations de fournisseur d’énergie (lire ci-contre).

• Secteur : énergie.

• Effectifs : 96 104 salariés, dont 40 000 en France.

• Chiffre d’affaires 2011 : 184,6 milliards d’euros.

Depuis 2006, les fournisseurs d’énergie ont l’obligation de promouvoir auprès de leurs clients, entre autres les particuliers, les investissements d’économie d’énergie en leur apportant notamment un soutien financier. Faute de quoi, ils s’exposent à une pénalité financière. Le principe : en échange des travaux engagés, les particuliers obtiennent des certificats d’économie d’énergie (C2E) qu’ils vendent aux fournisseurs d’énergie. Plus les économies d’énergie sont élevées, plus la valeur du C2E est importante. Le groupe Auchan, concerné par cette obligation via sa filiale de distribution de carburant Petrovex, a lancé il y a deux ans le programme Prime écoénergie : les clients peuvent échanger leurs C2E contre des euros crédités sur leur carte de fidélité.

Cet avantage vaut aussi pour les salariés lorsqu’ils font leurs courses dans l’un des 450 hypermarchés du groupe. Gain moyen : 404 euros. « Il n’y a pas eu de campagne d’information particulière à l’égard des salariés, mais tous ont reçu un film de présentation sur le programme Prime écoénergie, car ils devaient informer les clients sur cet avantage », indique Yves Massart, manager à la direction de l’environnement d’Auchan.

Au-delà de cette prime, les salariés sont sensibilisés aux économies d’énergie. Plus de 4 000 collaborateurs se sont formés à l’écoconduite, via un programme en ligne lancé cette année. Chaque hypermarché dispose d’un comité de développement durable qui décide d’un certain nombre d’actions à mener. Une façon de valoriser les initiatives des salariés tout en réduisant l’impact environnemental des activités. Le volet énergies nouvelles est encore modeste : seuls 12 % des hypermarchés sont équipés de points de recharge de véhicules électriques.