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CanadaLE GÉANT DE LA QUINCAILLERIE RONA VEUT DES SENIORS EN RAYON

Pratiques | International | publié le : 18.12.2012 | LUDOVIC HIRTZMANN

Rona, une enseigne de 800 magasins de bricolage, s’est spécialisée dans l’embauche de seniors. Un choix de raison dans un pays qui multiplie les politiques incitatives pour favoriser l’intégration des seniors et leur maintien en emploi.

Les 800 magasins de Rona, spécialisés dans le bricolage et la quincaillerie, emploient 30 000 personnes au Canada. La société s’est fait connaître au Québec ces dernières années pour son engagement en faveur des travailleurs âgés. En 2000, elle comptait 8 % de salariés de plus de 55 ans. En 2012, ce taux est passé à 22 %. « Ces travailleurs sont fiables et loyaux et ils ont un sens prononcé du devoir, assure la porte-parole de Rona, Valérie Lamarre. Ils possèdent, en outre, un vaste bagage professionnel, ce qui fait d’eux d’excellents mentors pour les autres générations. »

Une étude en interne a ainsi révélé que les clients préféraient être servis par des vendeurs âgés plutôt que par des jeunes. Pour l’essentiel, ces “aînés”, comme on les appelle au Canada, occupent des postes à temps partiel aux horaires flexibles.

Pas de jeunisme

« J’ai, au contraire, choisi un emploi à temps plein, et je suis heureuse de travailler ici : les rapports intergénérationnels sont excellents ; et puis mon lieu de travail est à cinq minutes de chez moi », confie Alice Lévesque, 58 ans, tout en formant une jeune salariée à l’utilisation des terminaux de paiement. Elle est employée depuis quatre ans dans un Rona du nord de Montréal. Elle travaillait auparavant au ministère de la Justice à temps partiel : « Cela ne me suffisait pas pour vivre, même si la fonction publique propose de bons salaires. »

Au Canada, les travailleurs âgés ne pâtissent pas d’une mauvaise image. Ici, le jeunisme n’existe pas. Seules les compétences comptent, et les travailleurs seniors ne se considèrent pas trop vieux pour apprendre de nouvelles technologies.

Afin de trouver des aînés pour ses magasins, Rona mène des campagnes de recrutement auprès de la Fédération de l’âge d’or du Québec. Avec des publicités ciblées : « Vous êtes retraité. Vous souhaitez rester actif et donner un second souffle à votre vie professionnelle, le tout en vous amusant », invite l’entreprise.

À l’instar des autres salariés, les seniors reçoivent une formation continue. « Même avec eux, nous faisons beaucoup appel au e-learning pour tous les départements, que ce soit pour la peinture, le design ou le service à la clientèle. Des équipes de formation volantes se déplacent dans les magasins pour enseigner à des groupes de quatre à quinze personnes », note Valérie Lamarre. Le géant de la quincaillerie dispose aussi de son académie de formation.

Incitations financières

La Chambre de commerce du Canada a publié une étude en décembre 2011, intitulée “Encourager les aînés à travailler”. Ce document rappelle qu’à la suite de la création en 2007 d’un groupe d’experts sur les travailleurs âgés, Ottawa a mis en place plusieurs dispositifs pour favoriser l’emploi des seniors. La principale mesure est une incitation financière à prendre sa retraite le plus tard possible. Ottawa propose aux aînés d’augmenter le montant de leur pension de 0,7 % pour chaque mois d’activité au-delà de l’âge légal de 65 ans. Les travailleurs âgés peuvent aussi continuer à cotiser pour leur pension sur une base volontaire.

Le gouvernement fédéral a créé, jusqu’en 2014, un programme nommé Initiative ciblée pour les travailleurs âgés, visant à améliorer leur employabilité, déployant des activités axées sur le perfectionnement des compétences et la formation, destinés aux demandeurs d’emploi de 55 à 64 ans. De son côté, le gouvernement québécois octroie des crédits d’impôts aux entreprises qui emploient des seniors.

La majorité d’entre eux restent actifs parce qu’ils n’ont pas le choix financièrement. Un sondage publié par la revue canadienne Money Sense à la fin novembre révèle que 60 % des Canadiens envisagent de prendre leur retraite après 65 ans pour continuer à bénéficier d’une mutuelle.

Auteur

  • LUDOVIC HIRTZMANN