Dans les États laïcs, la religion est devenue depuis le début du 20e siècle une affaire privée qu’il est malséant d’évoquer dans la sphère professionnelle. D’où un long silence, autant des sociologues que des acteurs de l’entreprise, sur le sujet du religieux sur le lieu de travail et son incidence sur le management.
Si l’on veut bien considérer cependant qu’au-delà même d’une éthique, toute religion suppose une grille d’interprétation du monde et des relations humaines en termes de valeurs, ce silence pudique se justifie d’autant moins qu’avec la montée de la diversité des populations, le consensus culturel est mis à mal, dans la société comme dans l’entreprise. Une personne sur 33 dans le monde est aujourd’hui en migration ! Décidés à lever le voile sur un sujet qu’il n’est plus possible d’ignorer, 26 chercheurs en sciences de gestion s’interrogent sur les relations complexes existant entre religions et organisations et entre religion et argent. L’ouvrage consacre également une partie entière à la gestion du fait religieux dans l’entreprise et une autre au rapport entre religion et management.
Cette question de la religion mobilisant en fait les éléments essentiels d’une culture, l’ouvrage se termine fort logiquement par une réflexion sur l’incidence de la globalisation des cultures sur l’éthique dans l’entreprise. Comment, pour l’entreprise, faire ses choix sans discriminer ? Telle est, au fond, la question essentielle d’un management de la diversité sous la houlette indispensable d’une éthique de la performance.
Management et religions
Coordonné par Isabelle Barth, éditions EMS, 292 pages, 24,50 euros.
